par Jean-Baptiste Thoret
20 novembre 2009 - 11h37

El Nino Pez

année
2009
Réalisateur
InterprètesInès Efron, Mariela Vitale, Carlos Bardem
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Deuxième film de Lucia Puenzo après XXY et son héroïne hermaphrodite, El Nino Pez, littéralement « l’enfant-poisson », met une bonne demi-heure à se désensabler, autrement dit à faire émerger d’un bois hyper-touffu et peu lisible (flash-back incessants, montage tordu), un début d’intrigue, des visages auxquels s’accrocher.

Et précisément, deux visages, celui de Lala, une adolescente de la haute bourgeoisie de Buenos Aires (Inès Efron), et celui de sa dulcinée, Guayi, une émigrée paraguayenne travaillant pour le compte de sa famille. Entre les deux jeunes femmes, l’amour est fusionnel, incandescent, et célèbre à chaque plan l’alliance de la candeur absolue (Lala) et de la sensualité ravageuse (Guayi). Mais la mort du père de Lala, empoisonné chez lui, va rompre brutalement ce lien qu’elles pensaient inaltérable.

El Nino Pez possède l’éclat d’un diamant, mais d'une pierre encore mal taillée. L’intrigue amoureuse qui d’abord nous éblouit, la découverte progressive de deux formes de sexualité et d’utilisation du corps (sa valeur symbolique et/ou économique), se double rapidement d’une fable poético-sociale violente où l’on comprend que le scandale de cet amour, si contre-nature il devient, réside moins dans l’homosexualité affichée des deux héroïnes que dans le bouleversement des classes qu’il suppose. La fille de bonne famille et la servante et toutes les combinaisons de ce rapport : l’intrusion de l’une dans le monde de l’autre provoquant toujours une catastrophe.

Cette césure entre les deux jeunes femmes se propage même dans la réaffirmation de leur amour, dans leur façon particulière de résister aux forces sociales qui les plombent, puisque Lala la bourgeoise choisit la voie de l’obstination (tout faire pour récupérer sa moitié), tandis que Guayi, la bonne, se résigne en un clin d’œil et réintègre la place misérable (les quatre murs d’une prison) que la société, au fond, lui octroie. Pour elle, l’amour pur est un luxe et le sacrifice, sa condition.

Lucia Puenzo, comme beaucoup de cinéastes venus d’Amérique Latine ou du Sud, possède un sens du cadre impressionnant, de la rythmique aussi, et une capacité innée à donner vie en deux ou trois plans à un personnage. Question d’énergie sans doute.

El Nino Pez est un formidable mélodrame social, mais qui ne s’assume pas pleinement. D’où le recours à une construction inutilement labyrinthique et le rattachement peu probant à la tradition du réalisme magique (de Gabriel Garcia Marquez au cinéma de Victor Erice), qui justifie cet enfant-poisson promis par le titre de film. On attend le prochain avec impatience.

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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
18/11/2009
image
1.85
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Espagnol Dolby Digital 5.1
Espagnol Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français
5
10
image
L'image est rugueuse, c'est le moins que l'on puisse dire. Résultat peu probant donc sur nos installations Home Cinéma. Mais là n'est pas l'intérêt sur ce film.
7
10
son
Peu de matière sur la piste 5.1, juste des effluves de musique stéréo, quelques ambiances, mais quasiment rien à l'arrière et sur le canal LFE. Du petit calibre aux voix bien présentes en revanche.
3
10
bonus
- Making of (18')
- Bande-annonce
Abscons, mais prenant.
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