En fanfare
Le jour où il cherche un donneur compatible pour lui sauver la vie, Thibault, chef d’orchestre renommé, apprend qu’il a été adopté et se découvre un frère, Jimmy, employé́ d’une cantine scolaire qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. Tout les sépare, sauf peut‑être l’amour de la musique.
Rire grave
Attention : et la bande‑annonce et l’affiche de troisième film d’Emmanuel Courcol laissaient présager une comédie sympathique située dans le nord de la France, comme il y a en a tant depuis le triomphe des Ch’tis il y a déjà vingt ans. Il y a un peu de ça, il est vrai, dans En fanfare, mais le film va au‑delà de la simple rigolade. D’ailleurs, objectivement, on ne rigole pas tant que cela. On sourit beaucoup, on pouffe parfois, mais ce n’est pas la franche marrade.

Bien sûr l’opposition entre le chef d’orchestre international et le trombone d’une fanfare locale du nord de la France, frères improbables, prête à sourire, mais la filiation penche davantage du côté de Mike Leigh que de Dany Boon. En fanfare émeut en somme beaucoup plus qu’il ne fait rire et ce n’est pas un défaut car le film réussit à nous cueillir là où on ne l’attendait pas, sans pathos et sans (trop de) clichés.
L’intelligence du scénario est de nous capter avec une situation de départ très comédie et de doucement nous amener vers une aventure humaine. Une rencontre fraternelle quasi amoureuse où la musique servirait de liant universel. C’est d’autant plus touchant que cette belle partition est jouée par deux acteurs totalement opposés, et dans leur jeu et dans leur parcours cinématographique. A priori, entre Benjamin Lavernhe de la Comédie Française et Pierre Lottin des Tuches, rien de très commun, pourtant le lien se crée sous nos yeux. Une belle mise en abyme filmique qui marche à merveille.
En harmonie
Les deux acteurs, à travers un jeu sensible et authentique, touchent directement le cœur du public. Leur alchimie ‑ou plutôt leur harmonie‑ est palpable. Elle est d’ailleurs l’un des points fort d’un film au final assez classique. L’opposition sociale entre nantis parisiens face à la bonté naturelle du Nord est vue et revue, mais ici, ce n’est qu’un prétexte à une émouvante et sincère confrontation humaine, une sorte de bromance musicale.
Cet En fanfare est aussi un beau film musical où la partition serait un personnage à part entière. Un mélange de variété, de Verdi, d’Aznavour, de Ravel et de standards de jazz. Réunir autour de toutes les musiques au‑delà des différences sociales. Un message certes un peu naïf comme la réalisation du film, mais qui fait assurément du bien. Un peu comme une fanfare. Des gros sabots, du gros son, mais beaucoup de sincérité et surtout beaucoup de cœur.