Fondation saison 3
Fondation fait partie de ces séries difficiles d'accès. Entre concepts obscurs et manque d'action, amplifiés par les écrits originaux d'Asimov réputés comme impossibles à adapter, la série d'Apple TV+ réclame un réel effort de la part des spectateurs en première saison. Avec une saison 2 déjà bien plus engageante et réussie, la saison 3 était à nouveau attendue au tournant, surtout dans une période relativement calme en space opera.
Pas de chance pour elle, cette saison 3, qui s’attaque vraiment au deuxième tome de la trilogie en mêlant éléments fidèles aux livres et changements majeurs, a connu une production compliquée (plusieurs coupures de tournage et changement de showrunner pour cause de problèmes de budget notamment). Et cela se voit. Malgré un ensemble plus aisé à suivre grâce à une intrigue plus simple et à une voix off pour nous guider, un sentiment de brouillon s’invite rapidement à la fête.
Théorie du chaos
Fondation saison 3, qui fait une nouvelle fois un bond temporel certain par rapport à la saison 2, fait avancer les arcs de plusieurs personnages sans toutefois vraiment faire progresser l'intrigue. On a régulièrement l’impression de regarder un moteur tousser, alternant entre brusques accélérations et calages. De plus, si le concept de psychohistoire est désormais acquis, s'ajoute celui des personnages mentalistes aux règles pas toujours très claires et donnant parfois l’impression de s’adapter pour servir l’intrigue et les scénaristes.
Le Mulet, l’antagoniste principal de cette saison, est plutôt réussi. Son interprète Pilou Asbæk est très convaincant en tyran surpuissant lunatique, un personnage qui aide grandement à la simplification de l’intrigue en représentant une menace tangible contre la galaxie. Les évolutions des Cleon et surtout de Demerzel sont également intéressantes à suivre et donnent du grain à moudre à leur interprète respectif, Lee Pace en tête. On ne peut pas toujours en dire autant des autres personnages, anciens ou nouveaux, dont on suit poliment les trajectoires sans se passionner.
Encore du grain à Mule
Il faut bien avouer qu'en dehors de quelques situations, il est difficile d’avoir de l’empathie pour un camp ou pour un autre dans cette guerre galactique où s'affrontent souvent des entités massives incarnées par une poignée de visages pas toujours sympathiques. Sans spoiler, il va surtout absolument falloir qu’une saison 4 soit rapidement validée. La saison 3 ne boucle rien et il est probable que cette fois aucun bond temporel n’ait lieu entre les deux saisons, pour proposer plus simplement une suite directe.
On espère un peu plus d’action, cette nouvelle flopée de 9 épisodes étant finalement assez chiche dans ce domaine malgré ce que promettaient les différentes bandes‑annonces. On souhaite aussi une suite à ce début d’exploration de la mythologie des robots, un vrai plus de cette saison, toujours impeccable côté décors, costumes et effets visuels. Espérons que cette saison, qui s’en sort majoritairement bien malgré les difficultés, sera suivie de quelque chose de plus maîtrisé et moins en proie au chaos.
