House of Guinness
Steven Knight est un homme très occupé. Surtout connu pour sa série Peaky Blinders, il a depuis travaillé à différents niveaux sur de nombreuses séries, souvent plus ou moins historiques elles aussi (Taboo, A Thousand Blows ou encore SAS : Rogue Heroes). Malgré leur popularité moindre et une qualité parfois un peu en dessous de Peaky Blinders, ce créateur prolifique n’a pas encore eu de véritable raté malgré sa haute productivité. Bonne nouvelle, ce n’est pas avec la nouveauté du jour sur Netflix que cela va commencer : House of Guinness.
Direction une nouvelle fois le passé pour un récit plus ou moins biographique : une partie de l’histoire au XIXᵉ siècle de la famille irlandaise à l'origine de l’emblématique bière brune Guinness. Alors que le patriarche Benjamin Guinness vient de décéder, son testament confie l’empire, déjà riche et bien implanté, à une partie de ses enfants. Le document crée une nouvelle dynamique au sein de la famille, mais aussi de l’entreprise, voire du pays tant son influence est grande. De manière assumée, House of Guinness est une sorte de mélange entre Peaky Blinders, Succession et Downton Abbey.

Bière qui coule n’amasse pas mousse
À Peaky Blinders, elle emprunte son ambiance incroyable. Qu’il s’agisse des décors, des costumes, de la photo, de la mise en scène ou encore de la musique, parfois volontairement anachronique mais toujours juste, Steven Knight est ici comme à la maison. Quitte à délivrer un petit sentiment de déjà‑vu par moments. Entre les rues crasseuses de Dublin et les salons rutilants de l’aristocratie, le travail de reconstitution est inattaquable et donne au show toute sa personnalité et sa crédibilité.
À Succession, House of Guinness chaparde son sens des affaires et l’affrontement (finalement tout relatif) entre les quatre enfants Guinness, en proie bien sûr à divers problèmes et travers personnels. Impossible de ne pas penser régulièrement à la dysfonctionnelle famille Roy, en plus lisse malgré tout, car les affrontements fratricides réellement dramatiques sont finalement assez rares. Ici, deux frères sont d’ailleurs beaucoup plus mis en avant que les autres, et on ne retrouve pas l’écriture incroyable de la série de HBO. Reste que ces personnages sont intéressants à suivre et permettent, au‑delà de divertir, d’explorer les mœurs et règles sociales de l’époque.

Enfin, avec son inspiration très Downton Abbey, House of Guinness tient son dernier pan, peut‑être le plus important. La série brille notamment par ses intrigues sociales et politiques, ou encore ses mariages et situations arrangés. Des personnages secondaires forts et un peu de romance s'invitent à la fête, quand Peaky Blinders n’en faisait pas son axe principal. La série est aussi moins violente et plus axée sur la négociation et l'intimidation bavarde. House of Guinness ne traîne cependant pas, avec des épisodes bien remplis. Les situations évoluent très vite et les mois, voire les années, défilent d’épisode en épisode. Un bon point pour éviter l’ennui, mais cela pourrait être frustrant pour qui aime voir les relations et situations évoluer doucement et naturellement.
Irish covfefe
Finalement, malgré ses nombreuses inspirations cultes, la série s’avère peut‑être un peu trop sage et classique. Le show demeure efficace et se consomme sans déplaisir, mais laisse un peu sur sa faim une fois les 10 épisodes terminés. Une saison 2 sera d’ailleurs nécessaire puisqu’à la fin de la première, rien n’est bouclé. Pas aussi marquante que les trois séries citées en référence, la série de Netflix divertit et réussit à un peu informer sur cette période pas forcément connue de l’Histoire irlandaise.
House of Guinness, c’est une bonne bière blonde fraîche bue en terrasse : pas désagréable à consommer mais probablement oubliée dès la prochaine boisson commandée. Nous reprendrons malgré tout une pinte avec plaisir.