Kaamelott - deuxième volet (partie 1)
Déclarer que la série Kaamelott est encore aujourd'hui un monument de la comédie en France relève de l'euphémisme. Adorée et citée à outrance (parfois détestée, de fait), la licence a pourtant connu un petit coup de mou en 2021 quand sortait l'arlésienne et premier film tant attendu de la trilogie d'Alexandre Astier, Kaamelott : premier volet. Tièdement accueilli par la critique, ce premier opus venait notamment démontrer que l'homme, aussi talentueux soit‑il pour le petit écran, avait bien des choses à peaufiner pour convaincre au cinéma.
Quatre ans plus tard, après une pause que l'on espérait salutaire, Astier est de retour avec Kaamelott ‑ deuxième volet (partie 1). N'ayant visiblement pas peur d'en faire trop, le réalisateur/scénariste/acteur/compositeur a en effet décidé de diviser son deuxième volet en deux films, tournés en simultané. Il ne faudra donc probablement pas attendre trop longtemps en 2026 pour voir la deuxième partie, avant un éventuel troisième volet de conclusion plus tard. Et les Dieux savent que ces films seront nécessaires pour pouvoir apprécier cet opus à sa juste valeur.
Maintenant que le règne de terreur de dix ans de Lancelot est terminé, Arthur reprend plus ou moins les rênes du royaume de Logres, tandis que les Dieux sont en colère qu'il ait laissé la vie sauve à son ennemi juré. Pour redémarrer la machine, le roi décide d'envoyer ses chevaliers de la Table ronde à travers le monde pour accomplir une quête et mériter leur place. La bande‑annonce comme les affiches promettaient une aventure ambitieuse à travers le monde. Quelle déception.
Un volet semi‑déroutant
Ce pan aventure arrive bien trop tard dans un long métrage lui‑même déjà trop long. Les groupes assemblés pour parcourir le monde manquent souvent de cohérence, ou tout simplement d’intérêt, les beaux décors sont trop rares et fugaces pour donner l’inspiration épique espérée, et d’évidents problèmes de montage viennent précipiter une fin de film qui a très clairement frustré et laissé sur le carreau de nombreuses personnes dans la salle, pourtant remplie de fans pour une avant‑première.
Presque aucune intrigue lancée n’est réellement bouclée, même si Astier en garde logiquement sous le pied pour la seconde partie de son volet. Le problème, c’est que la plupart des arcs initiés, trop nombreux à cause d’un nombre monstrueux de personnages, n’ont aucun intérêt. Si nous sommes un peu curieux de la suite des aventures de Karadoc et pourquoi pas de celle des magiciens, difficile de ne pas s’ennuyer devant les quêtes (souvent des gens qui marchent pour rien) des autres. C’est principalement le cas des nouveaux jeunes personnages introduits (et partiellement déjà oubliés) dans le premier film. Ces derniers sont probablement le plus gros problème de Kaamelott ‑ deuxième volet (partie 1).
Si Astier sait toujours faire rire sincèrement avec quelques références bien senties et surtout la véritable alchimie qu’il trouve une nouvelle fois entre dialogues bien écrits et personnages/casting historiques qui (sur)jouent juste comme il faut, difficile d’en dire autant pour les nouveaux venus. D’autant qu’au‑delà de ne pas convaincre sur leur écriture qui en fait des caisses (rappelant parfois Reflets d'acide), ces personnages ne servent à rien, venant remplir un film de vide, allongeant et ralentissant inutilement le tout et piquant du temps d'écran à d'autres qui méritent mieux (comme Guenièvre). Même chose pour Lancelot, dont on ne comprend que trop rarement les apparitions, donnant l’impression qu’il est simplement là pour créer un potentiel antagoniste plus tard, faute de mieux.
Logres Astier a eu les yeux plus gros que le ventre
Même le personnage d’Arthur fait du sur‑place et ne semble jamais cohérent, alternant sans arrêt entre envie de ne rien faire et soudaine motivation peu crédible. De plus, si vous attendiez avec impatience les personnages de Chabat et de Clavier, soyez prévenus : vous avez presque déjà tout vu dans la bande‑annonce… À chaque fois que Kaamelott ‑ deuxième volet (partie 1) donne l’impression qu’il va décoller et que la recette va prendre, une scène vient faire retomber le soufflet. Peut‑être qu’Astier, définitivement plus à l'aise avec le format série, aurait mieux fait de couper certains personnages pour proposer un unique film plus concentré et efficace.
Impossible cependant de ne pas mentionner l’éléphant dans la pièce, peut‑être à la source de certains de ces problèmes générant de la réécriture : l’absence de Perceval, incarné par Franck Pitiot. Ce dernier, qui a exceptionnellement pu lire le scénario en amont du tournage, a préféré ne pas revenir, ne retrouvant pas son personnage dans les écrits d’Astier. La candeur et l’humour involontaire de Perceval manquent assurément à ce volet, et on espère fortement que ce personnage central, simplement cité plusieurs fois dans le deuxième volet, sera de retour dans le troisième pour élever le niveau et, accessoirement, trouver le Graal.
Dans un registre plus positif, on relèvera tout de même que les costumes et décors intérieurs sont plutôt réussis, tandis que la musique est légèrement plus remarquable (à défaut d’être mémorable) qu’auparavant. De plus, pour compenser l’absence de grande bataille comme dans le premier film, ici l’accent est davantage mis sur la magie et le fantastique à l’aide d’effets visuels plutôt convaincants, ce qui donne un peu de personnalité au film et surtout à l’univers d’Astier. Côté humour, comme dans le film précédent et la saison 5, les rires dans la salle étaient assez épars, mais sincères. L’esprit original de la série s'efface peu à peu, mais ce n’est pas un problème en soi et la majorité des blagues font mouche à défaut de laisser de nouvelles répliques cultes en tête.
On en a gros sur la pintade
Si vous n’avez pas aimé Kaamelott : premier volet, ce n’est clairement pas ce nouveau film qui vous convaincra de la proposition d’Astier. Peut‑être que la seconde partie viendra justifier certains choix, mais impossible de ne pas déjà redouter la présence des mêmes défauts qui nous font déjà traîner des pieds pour retourner en salle. Si vous avez apprécié le premier film en revanche, il faudra malgré tout arriver à passer outre les multiples problèmes majeurs d'un deuxième film qui n'avance presque pas et qui en font une proposition plus faible, nécessitant sa seconde partie pour possiblement briller. Vous pourrez heureusement compter sur quelques punchlines comme seul Astier sait les proposer, mais c’est bien peu au milieu de plus de 2 heures de film où l’on espère régulièrement que le Graal va soudain apparaître pour pouvoir afficher plus rapidement le générique.