L'expédition
À la suite d’un excès de vitesse, Narsingh (Soumitra Chatterjee), modeste chauffeur de taxi, se retrouve privé de sa licence et de son permis de conduire. Ne trouvant aucune solution de rechange, il décide de quitter son ancienne vie, accompagné de son coéquipier. Sur la route du grand départ, il vient en aide à Sukhamran (Charuprakash Ghosh), un homme fortuné qui lui propose de travailler pour lui… Narsingh accepte, mais comprend très vite qu’il est impliqué dans une affaire douteuse.
Film considéré comme mineur vu l’immense carrière de Satyajit Ray, auteur de chefs-d’œuvre tels que Le salon de musique (1958) ou Le monde d’Apu (1959), L’expédition mérite largement le détour.
Ce road-movie étrange, qui s’achève dans une région reculée de l’Inde, mêle l’exploration géographique et la découverte d’un espace intime, conformément aux codes d’un genre plutôt américain, dont Ray offre un traitement original. Dans le film, certains plans de route brumeuse et de lumière vaporeuse rappellent aussi l’atmosphère du réalisme poétique chère à Marcel Carné.
Et puis, il y a le quotidien des habitants capté à la manière d’un documentaire : ces enfants aux pieds nus, ces tripots malfamés, ces rues poussiéreuses et cette prostituée émouvante rêvant d’échapper à sa condition. Soit autant d’allusions au néoréalisme digne de Rossellini ou De Sica, première manière. Cette surprenante mixité fait de L’expédition un film hybride, surprenant et précieux.