La soif du Mal
Los Robles, à la frontière américano‑mexicaine, une bombe explose dans la voiture de l’homme d’affaires Rudy Linnekar accompagné de sa maîtresse. En voyage de noces avec son épouse Susan (Janet Leigh), Mike Vargas (Charlton Heston), de la brigade des stupéfiants, est témoin de la scène et décide d’enquêter avec le chef de la police locale, Quinlan (Orson Welles).
Chef‑d’œuvre incontestable, La soif du Mal, adapté du roman Manque de pot de Whit Masterson, marque le grand retour d’Orson Welles à Hollywood après sa période européenne. En ouverture, un plan‑séquence d’anthologie auquel Ridley Scott rendra hommage dans Tout l’argent du monde en 2017. L’explosion qui suit campe un univers, sa noirceur et sa galerie de personnages minés par la corruption et leurs angoisses indépassables. C’est à la fois le film du retour en grâce et du renoncement car Welles doit se battre afin que le montage final ne soit pas sapé par Universal. Un combat perdu d’avance auprès de la Major qui ne saisit ni la virtuosité du cinéaste, ni le pamphlet politique autour de l’abus de pouvoir et de la fragilité de la démocratie.
Dans La soif du Mal, les codes du film noir se redéfinissent selon un rythme fébrile, la caméra traque les zones d’ombre des tyrans et des justes. Servi par un casting cinq étoiles : Charlton Heston, Janet Leigh, Welles himself, Marlene Dietrich, plombante en diseuse de bonne aventure, La soif du Mal fut remonté par Walter Murch en 1998 à partir d’une copie retrouvée dans des archives. Les intentions du cinéaste transparaissent enfin dans cette version définitive. Le film était toutefois proposé ici dans son montage cinéma de 1958, sans doute le plus rythné.