17 juin 2025 - 10h16

La soif du Mal

VO
Touch of Evil
année
1958
Réalisateur
InterprètesCharlton Heston, Janet Leigh, Orson Welles, Joseph Calleia, Akim Tamiroff Tami
éditeur
genre
sortie
09/04/2025
notes
critique
10
10
label
A
soutenir

Los Robles, à la frontière américano‑mexicaine, une bombe explose dans la voiture de l’homme d’affaires Rudy Linnekar accompagné de sa maîtresse. En voyage de noces avec son épouse Susan (Janet Leigh), Mike Vargas (Charlton Heston), de la brigade des stupéfiants, est témoin de la scène et décide d’enquêter avec le chef de la police locale, Quinlan (Orson Welles).


Chef‑d’œuvre incontestable, La soif du Mal, adapté du roman Manque de pot de Whit Masterson, marque le grand retour d’Orson Welles à Hollywood après sa période européenne. En ouverture, un plan‑séquence d’anthologie auquel Ridley Scott rendra hommage dans Tout l’argent du monde en 2017. L’explosion qui suit campe un univers, sa noirceur et sa galerie de personnages minés par la corruption et leurs angoisses indépassables. C’est à la fois le film du retour en grâce et du renoncement car Welles doit se battre afin que le montage final ne soit pas sapé par Universal. Un combat perdu d’avance auprès de la Major qui ne saisit ni la virtuosité du cinéaste, ni le pamphlet politique autour de l’abus de pouvoir et de la fragilité de la démocratie.

 

Dans La soif du Mal, les codes du film noir se redéfinissent selon un rythme fébrile, la caméra traque les zones d’ombre des tyrans et des justes. Servi par un casting cinq étoiles : Charlton Heston, Janet Leigh, Welles himself, Marlene Dietrich, plombante en diseuse de bonne aventure, La soif du Mal fut remonté par Walter Murch en 1998 à partir d’une copie retrouvée dans des archives. Les intentions du cinéaste transparaissent enfin dans cette version définitive. Le film était toutefois proposé ici dans son montage cinéma de 1958, sans doute le plus rythné.

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4k
cover
Touch of Evil
Prix : 29,99 €
disponibilité
09/04/2025
image
1 UHD-66, 95', couleurs
1.85
HD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 2.0
Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
sous-titres
Français imposé
8.5
10
image

Travail de restauration précédemment effectué oblige, le film est toujours aussi splendide avec une 4K qui magnifie littéralement la photo et la vision du cinéaste. Le N&B est enjôleur (ah les ombres qui courent), le relief incomparable, la profondeur chère à Orson Welles et les fameux plans en contre‑plongée encore plus impressionnants, démontrant s'il le fallait encore la force et la maestria de sa mise en scène. Dans le détail, le piqué est souvent de première fraîcheur avec des amorces détaillant par exemple la texture des costumes filmés de dos, ou des gros plans impactants subliment photographiés (Welles et le trophée de chasse derrière lui). Rien n'est laissé au hasard, tout fait sens et le film est plus que jamais la claque visuelle qui surpasse des pans entiers de cinéma, depuis sa création. 

 

Le HDR Dolby Vision accentue quant à lui la minutie de Welles et la beauté des tournages argentiques d'antan avec une belle dose de lumière pour éclairer tous les détails et les décors, toujours riches et denses. Les aller‑retour des nombreux personnages, le rythme et la musicalité du film en sont décuplés. Cerise sur le gâteau, les petits défauts d'usure ont presque tous disparu, seuls quelques plans d'origines variées dénotent encore avec des flous (majoritairement des plans d'ensemble). À voir et revoir, encore plus en 4K.

8
10
son

Tout est là, du tic‑tac de la bombe réglée à 3 minutes 30 (le temps de l'ouverture en plan‑séquence) jusqu'à l'explosion finale au son des congas, des bongos et des cuivres sur un mambo endiablé. Quelle scène, quelle ouverture magistrale ! Parfaitement imbriqués avec l'image, le travail sonore et son montage laissent pantois, nous plongeant dans un univers machiavel et viril. La musique de Henry Mancini (La Panthère rose) et ses rythmes latinos agit en parfait contrepoint de l'image, accentuant la noirceur du propos et l'ambiance trouble. Fragmentée et débridée, cette partition très moderne voire expérimentale pour l'époque colle parfaitement aux tensions et coups bas sévissant à la frontière mexicano‑américaine dans le film, pour une ambiance délicieusement paranoïaque et étouffante.

 

À ce jeu‑là, la VO mono fait parfaitement son job, équilibrée et claire dans ses dialogues, contrairement à la VF qui met trop en avant les voix et nous sort du contexte. 

5
10
bonus
- Commentaire audio du cinéaste F.X. Feeney
- Bande-annonce
- Livret

Déjà sorti en coffret 1 4K UHD + 3 Blu‑Ray en 2023 avec ses trois montages, La soif du Mal revient en version simplifiée (et moins coûteuse) avec le montage cinéma de 1958 et un seul bonus : le très bon commentaire du cinéaste F.X. Feeney. Déjà connu, il se déguste toujours avec autant de plaisir, analysant autant les mouvements de caméras que le son ou la composition des plans. Passage obligé.

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