par Carole Lépinay
12 octobre 2023 - 19h45

Le mépris

année
1963
Réalisateur
InterprètesBrigitte Bardot, Michel Piccoli, Jack Palance, Giorgia Moll, Fritz Lang
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

1963. Jean‑Luc Godard, chef de file de la Nouvelle Vague, a 33 ans lorsqu’il réunit à l’écran l’icône mondiale Brigitte Bardot et Fritz Lang, vieille gloire d’Hollywood désormais installée en Allemagne.

Le mépris est l’histoire d’une rupture. Entre Camille, femme‑enfant insaisissable, et Paul, dramaturge de formation dépêché pour adapter L’odyssée d’Homère au cinéma. Rupture aussi entre un cinéma étouffé par les diktats de production et le rêve un peu fou d’une autre voie qui « substituerait à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs ».

 

À Rome puis à Capri, la tragédie des hommes succède à celle des Dieux. Godard immortalise un métafilm solaire sublimé par la partition entêtante de Georges Delerue. Un chef‑d’œuvre qui raconte l’histoire du cinéma et la mort inéluctable de ses mythes.

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Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
14/06/0023
image
2.35
HD 2 160p (HEVC)
HDR Dolby Vision
HDR10
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 2.0 (mono doublé)
Anglais DTS-HD Master Audio 2.0 (mono doublé)
Allemand DTS-HD Master Audio 2.0 (mono doublé)
sous-titres
Français pour sourds et malentendants, anglais, allemand
10
10
image

Le réveil majestueux de la belle endormie… Restaurée et remasterisée en 4K en 2021 par Studiocanal à partir du négatif original, de l'interpositif et de la copie de référence par Raoul Coutard, le chef-opérateur du film, avec le concours du CNC et du laboratoire français Hiventy, la copie 60e anniversaire du Mépris impressionne dès le tout premier plan avec ces façades colorées et cette ambiance si puissante. Les couleurs, les nuances, les aplats, la lumière, la géographie des lieux… tout semble plus éclatant, presque dégrisé, toujours très naturel.

 

Le HDR Dolby Vision apporte non seulement un brio et une stature inédits, mais la finesse du grain et du détail de la copie retravaillée confèrent une allure incroyable aux paysages, aux cadrages et aux personnages, transormant B.B en déesse éternelle.

 

Chaque plan (très homogènes d'ailleurs hormis de mineures exceptions) est une invitation au voyage et se gorge de soleil à la moindre occasion sous nos yeux ébahis. Une claque visuelle aussi étrange que divine pour tous les cinéphiles et une découverte incontournable pour celles et ceux qui le découvriraient pour la première fois.

7
10
son

L'épure sonore et la musique comme guide. Tout un concept qui s'écoute et se savoure. La grande qualité technique de ce mixage se ressent à chaque instant : rien n'est surperflu, la fluidité se ressent à chaque instant. Indisociable du film, la musique de Georges Delerue y est forcément pour beaucoup et confère au film une modernité incomparable, se fondant totalement dans le récit. La VF DTS-HD Master Audio 2.0 parvient à retranscrire tout cela sans effort et sans souffle. On valide.

10
10
bonus
- Il était une fois… Le mépris (52')
- Une présentation du film par Colin MacCabe (6')
- Paparazzi de Jacques Rozier (22')
- Bardot Godard : le parti pris des choses de Jacques Rozier (10')
- Bande-annonce originale (2')
- Livret de 24 pages rédigé par Jean-Baptiste Thoret

Réalisé en 2009 par Antoine de Gaudemar, co-écrit avec Marie Genin et Serge July, Il était une fois… Le mépris est à la fois le portrait d’un film et d’une époque. Face à son film, Jean-Luc Godard se prête au jeu des questions autour de la mise en scène, de sa collaboration avec l’icône mondiale de la liberté Brigitte Bardot et Fritz Lang, « vieux chef indien » pour reprendre le terme de Jacques Rozier, que le cinéaste admire profondément.

 

Des extraits du Dinosaure et le bébé (André S. Labarthe, 1967) illustrent d’ailleurs parfaitement ce lien très fort entre l’élève et son mentor. Le documentaire dense et captivant alterne leçons de cinéma et confessions du cinéaste qui déclare « aimer mieux s’intéresser à l’ensemble d’une chose, plutôt qu’à une chose particulière » et considère « qu'il y a toujours trois images : le bon film c’est celui qui fait voir la troisième image qu’on ne voit pas lors de la première, qu’on ne voit pas lors de la seconde et qui en "fait" la troisième, qui peut-être n’a pas à être filmée ». Prodigieux.

 

Les bonus, la suite

L’un des meilleurs films de Jean-Luc Godard et probablement le plus coûteux. Une présentation sommaire de Colin MacCabe qui raconte pourquoi Le mépris reste le film le plus conventionnel du cinéaste.

 

Brigitte Bardot est B.B, la fille la plus photographiée du monde. Sur le tournage du Mépris, le réalisateur Jacques Rozier (disparu le 31 mai dernier) saisit les moments volés des paparazzis nichés dans les falaises de la villa Malaparte et prêts à tout pour obtenir « Le » meilleur cliché (le plus dénudé possible) de l’actrice. Un objectif suffisamment performant, une Vespa, des jambes, du souffle, un flash : autant d’armes discutables en provenance d’une presse « pas bien élevée » qui arrive à faire d’une photo ce qu’on veut qu’elle dise…


Dans le court métrage suivant, Rozier suit Godard et son équipe au travail. S’il arrive au cinéaste de faire presque toujours le contraire de ce qu’il avait prévu au départ, le résultat s’avère être à la hauteur de ses attentes initiales. « Le mépris est le film de Bardot » parce qu’il s’agit d’un film vrai sur la femme moderne et que la mise en scène telle que Godard l'appréhende dit tout sur son parti pris.  

 

Enfin, un formidable livret écrit par Jean-Baptiste Thoret qui revient sur la genèse du film ainsi que les différences notoires entre le roman d'Alberto Moravia (paru en 1954) et son adaptation une décennie plus tard. L'analyse comparée de L'éclipse (1962) d'Antonioni et les pistes autour de l'impossibilité du couple donnent un éclairage nouveau à ce grand classique trés étudié du cinéma.

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