Marche ou Crève
Aux États‑Unis, devenus un pays totalitaire, une grande marche est organisée chaque année. Cinquante jeunes hommes volontaires tentent d’y remporter une fortune, simplement en marchant à un rythme minimal imposé. Une seule règle : ne jamais s’arrêter, sous peine de mort assurée.
Je suis ton pas pas
Drôle d’idée que d’adapter ce roman de jeunesse de Stephen King (qui est également producteur du film). Si Franck Darabont s’était déjà cassé les dents avant d’abandonner le projet, on ne peut pas dire que Francis Lawrence (le réalisateur de la saga Hunger Games) s’en sorte haut la main.
Déjà, le principe de Marche ou Crève n’est pas intrinsèquement d’une cinégénie folle : une bande de jeunes qui marchent et discutent. Mais en plus, le réalisateur a complètement essoré le roman pour n’en garder que l’essentiel. Un parti pris pas vraiment gagnant. Exit le fait que les participants doivent avoir moins de 18 ans, exit le fait qu’ils soient 100, exit la présence massive de spectateurs. Ce qui constituait l’un des meilleurs romans sur l'adolescence se retrouve transformé en un film insipide, plus young adult.

Mark Hamill a beau se démener pour avoir l’air méchant, casquette vissée sur la tête, regard caché par des lunettes opaques, voix rauque de rigueur, rien n’y fait. Le danger ne vient pas de lui, mais du torrent de poncifs énumérés par les protagonistes de cette marche forcée. Comme on s’en doutait, le film avance à une vitesse d’escargot, et la pseudo‑philosophie de vie qui entache tout le dialogue est inaudible à force d’ennui.
Bien sûr, le réalisateur s’amuse avec des plans de têtes explosées, mais le film ne dépasse jamais la simple conversation entre jeunes adultes qui découvrent la vie et l’amitié à l’aune de leur mort. Sinon, il ne se passe pas grand‑chose d’autre. Cooper Hoffman n’a pas le talent de feu son père (Philip Seymour Hoffman) pour susciter l’empathie, le scénario est cousu de fil blanc, et la réalisation bien mollassonne.
King of Pain
On est loin d’une adaptation cinématographique réussie de King, ou même d’On achève bien les chevaux (Sydney Pollack, 1969), dans la même veine.
Dommage que Francis Lawrence n’ait pas pris le temps de revoir Stand by me avant de commencer Marche ou Crève. Là aussi, une histoire d’ados qui marchent en discutant, adaptée également de King, que Rob Reiner avait réussi à transformer en petite merveille de cinéma. À revoir d’urgence en sortant de ce film pour se nettoyer les yeux.