Mission impossible - The Final Reckoning
Ethan Hunt et son équipe sont désormais en possession de la clé capable de contrôler l'Entité. Mais il ne sait ni où se trouve le sous‑marin russe Sebastopol comprenant son code source, ni comment venir à bout de cette IA maléfique. Par ailleurs, il est toujours pourchassé par la CIA, par Gabriel, et doit se remettre de la mort d’Ilsa Faust…
La position du missionnaire
Mission impossible ‑ The Final Reckoning, initialement intitulé Mission impossible ‑ Dead Reckoning Part Two, est donc la fin de la chasse à l’IA entamée dans l’opus précédent.
Si les épisodes de Mission impossible nous avaient habitués à tout miser sur l’action, quitte à réduire l’histoire à peau de chagrin, Christopher McQuarrie prend ici le contre‑pied, l'histoire prime. Les morceaux de bravoure se résument à une plongée périlleuse sous la glace et une poursuite en avion (pour schématiser).
Bien malin, le réalisateur a également décidé, pour son quatrième épisode (sur huit), de ne pas tout miser sur la fanbase et de réexpliquer en permanence les enjeux posés dans les épisodes précédents. D’ailleurs, on peut aisément apprécier ce nouvel épisode des aventures d’Ethan Hunt sans rien connaître de la franchise. C'est un bon point, mais cela ralentit l’action d'un film qui dure déjà près de 3 heures. Mais au final, c'est tout de même assez payant puisque ce Final Reckoning a un petit goût de best of pas désagréable pour les fans et qui donne envie aux autres de découvrir les anciens volets.
Encore plus malin, McQuarrie réussit à recoller des morceaux de scénario laissés en suspens dans les films précédents, comme la fameuse énigme de la patte de lapin de l’épisode 3. Oui, ça y est : après 20 ans, on sait enfin ce que c’était ! Mieux, le film redonne du sens au parricide originel du tout premier film : quand Ethan exécutait Jim Phelps devenu traître. On se souvient que le héros de la série télé culte avait été sacrifié par Brian De Palma il y a 30 ans pour permettre à Tom Cruise de prendre la tête de l’équipe, au grand dam des puristes télé. Ils seront enfin rassurés, il y avait une bonne raison…
La fin justifie le moyen ?
Tous ces rappels et ces ponts avec le passé sont jubilatoires car souvent inattendus. À moins, bien sûr, de lire ces lignes… C’est même l’un des points forts du film : il a été aussi pensé comme un remerciement aux anonymes qui suivent Ethan depuis plus de 30 ans. Et il est d’ailleurs beaucoup question de ces anonymes que la team Mission impossible protège, mission après mission : les gens ordinaires qui ignorent les menaces qui pèsent sur eux depuis trois décennies. En creux, Tom Cruise semble remercier ces spectateurs fidèles, pour qui il fait tout ça. Rien de subtil, bien sûr, mais Mission impossible n’a jamais été une saga subtile. Le message au moins est limpide et semble même sincère. En tout cas, il fonctionne à bloc.
Le ton général du film est par ailleurs étrangement un peu nostalgique, presque désabusé, comme si le réalisateur et son acteur fétiche admettaient qu’il devient de plus en plus difficile d’aller toujours plus fort, plus haut, plus vite. Ils n'essaient même plus vraiment. Et rien que ça, c'est impressionnant, on vous rassure.
Par moments, ce Final Reckoning est même assez sombre, lorsque par exemple les héros prennent conscience du poids de leurs responsabilités et des sacrifices qu’elles exigent. À grands pouvoirs… comme disait un autre super‑héros. On est loin de la légèreté presque cartoon de Mission impossible : protocole fantôme de Brad Bird.
Globalement, l’humour est même moins présent que d’habitude. Ce n’est pas si gênant, le film étant assez homogène. Après tout, la menace d’une IA incontrôlable est sans doute la plus crédible qu’ait connue la saga jusqu’ici. Cet Ethan Hunt millésime 2025 a du coup des faux airs de Terminator contre le Skynet de T2, images de destruction nucléaire mondiale à l'appui. Étrange sensation de cinéphilie pop !
Impossible n’est pas Tom Cruise ?
Et le reste ? Oui, le film en met plein les yeux. Oui, Tom Cruise court les bras le long du corps. Oui, il y a des masques. Oui, il fait des cascades incroyables. Et oui, c’est bien lui à l’image. Enfin… on espère, car avec l’IA, on ne sait plus vraiment ! Ce qui tombe bien, puisque c’est aussi ce que raconte un peu le film.
Ce Final Reckoning a toutefois ses faiblesses. Il sent parfois la lassitude et semble parfois répétitif. Le réalisateur abuse des ellipses et des raccourcis scénaristiques, la répétition de certains procédés devient un peu fatigante. À plusieurs reprises, il préfère ne pas filmer une scène clé : une bagarre reste hors champ, une noyade est éludée, comme si le film s’économisait en permanence grâce à des astuces de montage très maîtrisées, peut‑être trop.
Une chose est sûre : ce Final Reckoning est moins impressionnant que Dead Reckoning mais il nous offre un Ethan Hunt plus intéressant, plus complexe. Ce qui n’est pas si mal car on aimerait bien voir ce que pourrait faire le nouvel Ethan avec (spoiler alerte !) sa nouvelle équipe…