Partir un jour
Récente gagnante de Top Chef et sur le point d’ouvrir son propre restaurant, Cécile est contrainte de quitter Paris précipitamment pour retourner auprès de son père victime d’un infarctus. Durant son séjour, elle croise Raphaël, son béguin d’enfance.
On connaît la chanson
Étrange idée que de présenter (hors compétition) Partir un jour en ouverture de l’édition 2025 du Festival de Cannes. Non pas que le film soit mauvais, loin de là, mais c’est un « petit film » comparé aux œuvres cannoises habituelles. Surtout, c’est une création très référencée culture pop française, dont une grande partie des subtilités risque d’échapper au public étranger et à la presse non francophone.
Et pourtant, le premier long métrage d’Amélie Bonnin ne manque pas de qualités. À commencer par son principe original : comme dans le On connaît la chanson d’Alain Resnais, certains dialogues sont tirés du répertoire de la variété française. À la différence près qu’ici, ce sont les comédiens ‑Juliette Armanet, Bastien Bouillon et François Rollin en tête‑ qui interprètent les paroles sans que les vraies chansons ne soient jamais entendues.
L’effet fonctionne à plein : comique, évocateur, fédérateur et même parfois émouvant. On se surprend à redécouvrir la profondeur de certaines paroles que l’on avait peut‑être un peu trop vite rangées du côté de la variétoche. Mais le film ne se limite heureusement pas à cet artifice.
Fame like you
Au‑delà de la bluette sur le retour de la fille prodigue dans les bras de son crush d’adolescence, Partir un jour propose une jolie réflexion sur la célébrité et le regard que les autres posent sur nous quand elle surgit. C’est évidemment aussi un film sur les origines, la filiation, le poids du passé. Une réflexion sociale, presque bourdieusienne, mais qui, étrangement, se dilue parfois dans des scènes futiles. Agréables, certes, mais dispensables.
La réalisatrice avait déjà raconté cette histoire en inversant les rôles, mais avec le même casting, dans son court métrage du même nom (Partir un jour, visible gratuitement sur Arte.tv), avec bien plus d’efficacité, de fraîcheur… et un César à la clé !
Son passage au long métrage permet certes d’étoffer certains personnages ‑notamment François Rollin, extraordinaire de drôlerie et de tendresse contenue‑ mais en invente aussi d’autres assez artificiels (la bande de vieux potes) qui éloignent le film de son sujet central. Là où le court était un uppercut, le long s’étire en jolies scènes un peu creuses.
Bonnin s’amuse à quelques clins d’œil cinéphiles (Kieslowski, Ford…) tout en restant assez sage dans sa mise en scène. Le dispositif musical, prometteur, aurait pu être mieux exploité : les chansons sont présentes sans être omniprésentes… mais pas toujours nécessaires non plus. Il flotte sur l’ensemble un parfum d’artificialité dont le film peine à se débarrasser.
Premiers jours du disco
Reste l’atout principal : Juliette Armanet. Magnétique, drôle, touchante, solaire. Elle illumine littéralement chaque scène. Véritable actrice, elle insuffle au film une énergie rare. Son charisme, son aisance vocale et physique tranchent un peu avec l’amateurisme plus brut mais charmant du reste du casting. Une dissonance qui pourrait gêner… mais qui colle in fine à son rôle de star télévisée revenue au bercail.
Petite histoire de petits riens : qui ne s’est jamais retourné sur son adolescence ? Partir un jour parlera à tout le monde et fera sans doute fredonner nombre de spectateurs. C’est déjà beaucoup, pour un premier film qui n’ambitionne rien d’autre que de divertir.