Ravage
Un détective meurtri doit se frayer un chemin dans la clandestinité criminelle après une affaire de drogue qui a mal tourné pour sauver le fils d'un politicien, tout en démêlant un réseau de corruption et de conspiration qui prend au piège toute la ville.
Dire qu’on attendait le nouveau film de Gareth Evans avec Tom Hardy est un euphémisme. La promesse d’un polar nerveux, ultra‑violent et cathartique faisait monter l’impatience à son climax. À l’instar de Rebel Ridge de Jeremy Saulnier, Netflix allait‑il nous offrir un second petit miracle de série B d'action, perdue au milieu du tout‑venant. Hélas non. Ravage est une énorme déception.
Pas assez réel pour être vrai
En même temps, une annonce de tournage en 2021 pour une sortie en 2025 aurait dû nous mettre la puce à l’oreille : souvent, ces retards sont synonymes de conflits, de reprises de tournage et de bricolage de dernière minute qui ne servent jamais le film, bien au contraire.
Mais où est donc passée la maestria du réalisateur de The Raid 1 & 2 (2011/2014) et du superviseur de la première saison de Gangs of London ? Ses personnages et ses scènes d'action sont noyés sous des torrents de sang numérique, de matte paintings hideux et d'images de synthèse vomies à la moindre occasion, au point que l'on se demande ce qu’il reste de réel dans les images du film.

Un Tom Hardy toujours aussi magnétique et sauvage
L’intrigue et les personnages secondaires n’ont strictement aucun intérêt, et l’histoire elle‑même est d’une rare vacuité. Au sommet surnage un Tom Hardy toujours aussi magnétique et sauvage qui trimballe sa dégaine de flic désabusé, son jeu restant désespérément plat jusqu’à ce qu’il se lâche enfin dans une séance de bagarre où tout le monde ‑Evans compris pour la filmer‑ semble enfin prendre son pied à se castagner dans un chaos indescriptible mais pour une fois parfaitement chorégraphié. La caméra virevolte dans tous les sens au rythme des bourre‑pifs.
Est‑ce suffisant pour faire sortir Ravage du vide scénaristique qui l’entoure ? Malheureusement pas. Car le désintérêt général du scénariste, du réalisateur, et enfin de la plateforme pour des personnages profonds, des enjeux dramatiques crédibles, des intrigues solides, bref, pour une véritable histoire à raconter, finit par devenir aussi le nôtre. Quel gâchis.
Encore aujourd’hui, Rebel Ridge de Jeremy Saulnier fait figure d’ovni sur la plateforme, tant il est la seule série B récente qui vaille réellement le détour.