par Jean-Baptiste Thoret
18 janvier 2010 - 15h29

Rio ligne 174

VO
Ultima parada 174
année
2008
Réalisateur
InterprètesMichel Gomes, Chris Vianna, Marcello Melo Junior
éditeur
genre
notes
critique
3
10
A

Dès la séquence d’ouverture, le ton est donné : favéla de Rio en 1983, taudis sombre et crasseux, Marisa, une jeune mère toxicomane, allaite son enfant, Allessandro. Cernes jusqu’au bas du visage, joint coincé entre les dents, zombie nourricière donc, bientôt tabassée par un caïd local qui lui enlève son gamin.

Dix ans plus tard, Marisa a trouvé le chemin de la rédemption après avoir croisé celui de Dieu et d’un prêcheur à lunettes, aussi dégourdi qu’un premier de la classe digne de South Park. Sa seule obsession : retrouver son fils perdu. En face, le jeune Sandro assiste au meurtre de sa mère, échoue un temps chez sa tante puis s’enfuit dans les rues de Rio, en compagnie d’une bande d’ados orphelins qui survivent entre larcins foireux et sniffs de colle.

Très vite, Sandro et Allessandro, devenus adolescents enragés, se retrouvent ensemble dans un centre pénitencier pour mineurs, aussi reformateur que la prison turque de Midnight Express. Comment sortir de l’engrenage de la violence lorsque l’on vient de là ? On n'en sort pas, nous assène deux heures durant le film de Bruno Barretto (scénariste de La cité de Dieu avec lequel Rio ligne 174 souffre rarement la comparaison), juste une descente express et inexorable vers la mort.

À chaque bifurcation de vie, à chaque embellie possible (une copine pour se stabiliser, une assistante sociale pour se réintégrer, le rap pour purger sa violence), le récit enfonce un peu plus son personnage principal, ne lui laisse au fond aucune chance, et décrit le monde comme une pure machine à broyer ces gens‑là.

Inspiré d’un fait divers tragique survenu en 2000 (une prise d’otages ultra-médiatisée dans un bus de Rio, déjà sujet d’un documentaire de José Padhilla en 2003), Rio Ligne 174 tente constamment de se démarquer d’un genre presque devenu le cinéma brésilien à lui tout seul, soit le film de favélas dont Pixote et La cité de Dieu constituent les parangons.

Barretto est un vétéran du genre (sens du rythme impeccable, alternance plutôt réussie d’accès de violence et de pauses désabusées), mais semble parfois ignorer que l’on sait déjà -et via le cinéma- à peu près tout sur cette pauvre Amérique Latine que son film veut montrer.

Résultat, le film s’extrait trop rarement des sentiers battus du genre et de ses clichés -y compris ces longs travellings élégiaques autour de la statue de Jésus qui surplombe la ville-, et alterne trop mécaniquement des séquences de violences glaçantes (une balle dans la tête pour une automobiliste malchanceuse qui refuse de donner son sac) avec des instants mélo (Marisa et son fils retrouvé) qui ne font qu’enfoncer le clou d’une tragédie déjà écrite.

Mais l’aspect le plus problématique du film réside sans doute dans sa façon de faire de la rudesse sociale (pauvreté, discrimination, violence latente, illettrisme, drogue, démission parentale, etc.) l’alibi systématique et un brin paresseux du tropisme criminel qui dévaste ces jeunes Brésiliens. Ce déterminisme de la violence dont l’état du monde serait le seul responsable se situe d’ailleurs dans le contrechamp exact de Troupes d’élites qui adoptait, lui, le point de vue strictement opposé de ces flics de la BOPE, qui confondaient favélas et terrains d’extermination aveugle.

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dvd
cover
Ultima parada 174
- de 12 ans
Prix : 19,99 €
disponibilité
06/01/2010
image
1.85
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Français Dolby Digital 2.0
Portugais Dolby Digital 5.1
Portugais Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français
8
10
image
Image parfaite. Cadrée en 1.85, elle affiche des couleurs rugueuses et des contrastes un peu durs dans les scènes sombres, mais profite aussi d'une définition rigoureuse qui fait merveille sur les plans lumineux.
7
10
son
Laissez tomber la VF et ses doublages fades, largement moins intense que la VO. Pour ce qui est de la spatialisation 5.1, le rendu n'est pas d'une grande amplitude. Un peu de musique, quelques ambiances (une sirène de police, les cris de la favéla, etc.), et puis c'est à peu près tout. Agréable, sans plus.
3
10
bonus
- Interview du réalisateur (7')
- Interview de Michel Gomes (4')
- Coulisses du film (16')
- Bande-annonce
- Espace Océan Films
Un peu trop superficiel.
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