Sonic 3, le film
Au milieu d’adaptations de jeux vidéo en films et en séries de plus en plus réussies, on trouve encore quelques ratés (coucou Minecraft) et exploitations de licences clairement conçues, au‑delà de divertir, pour produire de l’argent. C’est le cas de Sonic qui en est déjà à son troisième opus depuis le premier lancé en 2020 (Sonic). Ce dernier avait heureusement le mérite d’être assez sympathique, quand le deuxième commençait déjà à tirer sur la corde. Alors qu’un quatrième est déjà en chantier du côté du gourmand Paramount (une scène post‑générique l'annonce déjà), penchons‑nous sur le cas Sonic 3.
Après avoir introduit les personnages de Tails et Knuckles dans le deuxième long métrage (Knuckles a également eu sa mini‑série sur Paramount+ entre le deuxième film et le troisième), place cette fois à un autre hérisson iconique de la licence de Sega : Shadow. Afin d’appâter les geeks qui ne seraient pas trop sensibles à Sonic, le choix du doublage s’est porté sur l’acteur très populaire Keanu Reeves (Matrix, John Wick). Ce dernier fait d’ailleurs le job, sans plus.

Fast & Furious
Ce nouveau hérisson noir et rouge est, pour des raisons que nous ne dévoilerons pas, un brin chafouin lors de son arrivée. L’organisation GUN va alors faire appel à la team Sonic pour défendre la planète de cette nouvelle menace, tandis qu’un certain Robotnik (toujours incarné par le cabotin Jim Carrey) vient s’ajouter à l’équation. Le film va alors alterner scènes d’action ambitieuses et flashbacks autour de Shadow pour expliquer son comportement.
Cette nouvelle réalisation de Jeff Fowler (déjà derrière les précédents opus), qui propose quelques plans sympathiques à défaut de révolutionner le genre de l’aventure familiale, a le même problème que bien des shōnens (mangas en priorité conçus pour les ados garçons, contre Shōjo pour les jeunes filles).
À chaque nouvelle aventure, il faut aller plus loin dans l’épique et toujours proposer une menace plus importante que la précédente. En résulte un film souvent prévisible qui part un peu dans tous les sens, ne misant assurément pas sur la crédibilité et s’avérant même un peu fainéant et redondant. N’oublions pas malgré tout que le public cible reste les (grands) enfants. En prenant ce fait en compte, la proposition s’avère honnête et divertissante à défaut d'être réellement marquante.
Elle ne vient rien bousculer comme ont pu le faire d’autres films du genre, et quelques scènes sont même ratées (le bar du début du film, pas grand‑chose ne va…). Sonic 3 a cependant la bonne idée de proposer un rythme enlevé malgré sa durée assez élevée d’1h50. Il y parvient notamment en évitant de refaire l’erreur du 2, à savoir tenter de donner de la place aux humains secondaires de l’histoire avec des scènes inutiles et gênantes. Les vrais héros, en dehors de Robotnik, sont bien en 3D.

Jim au carré
Par ailleurs, si nous n’avions pas été choqués par les effets visuels dans les précédents films, là, quelques incrustations et fonds verts font tiquer. La faute sans doute à une production un peu précipitée. Rien de dramatique dans l’absolu, on a vu pire chez Marvel notamment, mais espérons que le 4 soignera un peu plus sa copie. Il serait également souhaitable que Sonic 4 revienne à une intrigue un peu plus terrestre, celle du 3 prenant de telles dimensions qu’on en oublierait presque qu’il s’agit d’une adaptation des jeux vidéo de Sega. Quelques références sont bien là, y compris à la pop culture, mais les précédents films semblent déjà avoir épuisé les possibilités. Même constat sur l’humour, présent mais sans briller.
Heureusement, en explorant plutôt bien le personnage torturé de Shadow, et en s’amusant une nouvelle fois avec celui de Robotnik dans des séquences absurdes souvent drôles (mais pas toujours…), Sonic 3 propose quelques passages réussis. Pas de chance pour les autres, qui embrassent pleinement leur rôle de sidekick, quand celui de Sonic n’a plus grand‑chose à dire désormais. Ce dernier est cependant toujours très bavard et Ben Schwartz était assurément né pour le doubler. Saluons aussi la performance d’Idris Elba, toujours impeccable et drôle en Knuckles.
Bref, un peu comme un énième jeu Assassin’s Creed, Sonic 3 est suffisamment correct pour donner envie de voir la suite, mais impossible de ne pas voir que la recette est en train de s’essouffler et que la lassitude guette.