Souvenir
Un jour, Dong Ho (Cho Jae Hyun) regagne le village de Seonhak, y fait une halte et trouve un compagnon de beuverie avec lequel il converse. C’est le commencement d’une lente et douloureuse immersion dans le souvenir : Dong Ho révèle qu’il est à la recherche de sa prétendue sœur, se remémore son enfance et ses relations avec son père, professeur de chant traditionnel coréen. Sous forme de flash-back, l’histoire réactive les errances juvéniles de Dong Ho, la recherche infatigable de cette sœur évanescente et la grande solitude d’un homme brisé.
Souvenir est un récit oral, une réflexion sur le temps dès lors qu’il est tiraillé entre le passé et le présent, une quête impossible de la mémoire meurtrie. Le film évolue selon deux strates temporelles à travers lesquelles s’interposent le rythme sec et la poésie fragile qui caractérisent le pansori. Surtout, les chants traditionnels constituent la matière première du film autour duquel gravitent l’espoir déçu, les attentes vaines et les horizons lointains. Par bien des thématiques, le centième film de Im Kwon-Taek fait écho au Chant du pansori tourné en 1993, comme si cet enfouissement dans le temps aspirait à refermer un cycle.