Subway
Poursuivi en voiture, un homme se réfugie dans les entrailles du métro parisien. Là, il va découvrir un nouveau monde, tout en essayant d’échapper à ses poursuivants à qui il a dérobé un dossier compromettant, poursuivants parmi lesquels se trouve la femme qu’il aime.
Subway, film sandwich
Revoir aujourd'hui Subway (1984), le deuxième film de Luc Besson, est une expérience particulière. Outre la réputation écornée du réalisateur autrefois adulé, ce sont surtout les images du métro parisien qui ont pris un bon coup de calendrier. La station Auber/Opéra, particulièrement. Étrangement, le reste a bien supporté l’épreuve du temps. Et on prend plaisir à revoir le film et son léger vernis suranné.
Empilement de clichés et de naïvetés confondantes, le film se revoit comme on relit les vieux Tintin : avec une âme d’enfant. Les acteurs sont (encore) tous beaux, les décors signés Alexandre Trauner, sublimes, et l’image de Carlo Varini n’a pas pris une ride. Le film a bénéficié d’un alignement des planètes et, quarante ans après, le charme opère toujours. Christophe Lambert est magnétique, Isabelle Adjani commence à peine à faire du Adjani, Michel Galabru transforme un second rôle en un personnage truculent, et le film offre à Jean‑Pierre Bacri une belle exposition qu’il saisit allègrement avec tout son talent.
On l’aura compris, Subway est un film d’acteurs, et tous sont à leur meilleur dans des rôles certes peu nuancés mais attachants. Il y en a pour tous les goûts, toutes les générations. Luc Besson, en grand cinéphile, a réuni autour de légendes du cinéma (Jean Bouise, Michel Galabru) des stars montantes (Adjani) et des petits nouveaux bien castés (Anglade, Reno, Lambert…). Aujourd'hui encore, la recette est toujours aussi bonne.
Métro, c’est trop
Mais ce qui interpelle le spectateur d’aujourd’hui, c’est la réalisation de Besson. Clairement plus un film de forme que de fond, Subway, à l’époque, pouvait énerver par son maniérisme tape‑à‑l’œil. Aujourd’hui, ce style a fait école, et le film semble presque moderne. En tout cas, il ne dénote en rien dans la production actuelle des films pensés comme des produits de consommation.
La naïveté poétique de son histoire et ses dialogues comiques le placeraient même au‑dessus du panier. Même si, niveau enjeux, MacGuffin et écriture scénaristique, on est loin du chef‑d’œuvre.
Il y a en tout cas une fraîcheur dans Subway qui ne s’est pas étiolée avec le temps, sans doute due en partie à l’univers qu’il nous décrit : celui, fantasmé, des sous‑sols du métro parisien, un décor qu’aucun film n’a vraiment repris depuis. À la manière d’un Spielberg qui a donné le « la » du film de requin, Besson a inventé la vie souterraine du métro et sa cinématographie à coups de néons, de béton et de portes ouvrant sur un imaginaire. C’est déjà pas mal, et c’est toute la force du film qui perdure encore aujourd’hui. Même si son côté remake souterrain caché d'À bout de souffle fait toujours autant sourire… n'est pas Godard qui veut.