Superman
Alors que Superman vient d’éviter une guerre entre deux pays rivaux : le Jahnanpur et la Boravie (l’un souhaitant envahir l’autre pour d’obscures raisons fallacieuses), son statut de protecteur de la planète est remis en question par l’opinion publique et le gouvernement américain. L’abominable Lex Luthor est derrière ce bashing, prêt à tout pour se débarrasser de son ennemi de toujours.
Comics troupier
Autant prévenir tout de suite : ce Superman millésimé 2025 ne fera ni oublier l’original de 1978, ni rivaliser avec la trilogie The Dark Knight, encore moins avec le premier Spider‑Man pour la place de meilleur film de super‑héros. Non, ce Superman signé James Gunn ressemble plutôt à une grosse BD projetée sur grand écran. D’ailleurs, le réalisateur ne s’embarrasse pas de fioritures et entre directement dans le vif du sujet : Superman est sur Terre depuis 30 ans, Lois Lane sait qui il est, et il vient de se prendre une raclée par les sbires de Lex Luthor. Heureusement, son chien Krypto est là…
Bref, le film ne cherche pas à révolutionner le genre et ne se prend pas trop au sérieux. À la longue, c’est agaçant, souvent absurde, rarement subtil, mais tout de même divertissant pour peu qu’on ne soit pas trop exigeant. Noyé dans une intrigue à tiroirs, ras des pâquerettes, le film semble davantage destiné aux enfants (ou aux très grands) qu’aux adultes. Ses aspects géopolitiques façon « l’invasion de l’Ukraine pour les nuls » sont affligeants, mais ont le mérite de donner un peu de relief à un scénario bien mièvre. Quant au léger sous‑texte assimilant l’homme d’acier à un immigré « venu d’ailleurs », il n’y a vraiment pas de quoi effrayer Donald Trump. La profondeur n’est assurément pas la qualité première du film.
Au‑delà de l’homme au slip rouge superstar, on retiendra tout de même qu’étrangement, ce Superman 2025 a des allures de film choral. Pour une fois, Superman n’est pas seul (nous n’épiloguerons pas sur le passage éclair et a priori gaguesque de Supergirl), mais accompagné d’une bande de super‑héros « légaux », les Justice Gang, dirigée par un Nathan Fillion en roue libre. L’ex‑Frank Castle joue ici un Green Lantern qui n’a justement rien d’une lanterne. Il est épaulé par les très sérieux Hawkgirl (Isabela Merced) et Mister Terrific (Edi Gathegi), en total décalage avec l’ambiance du film, tandis que Krypto, le super‑chien plus proche de Rantanplan que de Milou, tient un rôle central.

© Warner Bros. Pictures
Man of style
Reste LA grande question : quid de David Corenswet dans le rôle‑titre ? Loin de Christopher Reeve, il est pourtant la bonne surprise du film. Plus charismatique que Brandon Routh et nettement plus humain (ça tombe bien, c’est un peu le cœur du film) qu’Henry Cavill, il porte haut le slip rouge et la cape assortie sans jamais être ridicule. Ou en tout cas moins que le film.
Il y a une véritable alchimie entre lui et Rachel Brosnahan, alias Lois Lane, qui fait le sel de ce Superman 2025. Dommage que le scénario enfantin sous‑exploite cette dynamique. La scène de dispute de couple Superman/Lois est un petit bijou, mais le film ne poursuit jamais dans cette direction.
Son interprétation de Clark Kent tient la route, quoique moins subtile que celle de Reeve, mais ça, on le savait déjà. En tout cas, il réussit à rester crédible dans les deux rôles et ne jamais se faire laminer par le second degré qui éclabousse tout le film, surtout le pauvre Nicholas Hoult (Lex Luthor). Le thème de John Williams, ou ses multiples réinterprétations (dont le film abuse pour se donner une légitimité), lui va étonnamment bien. Ce qui n’était pas gagné. Force est de constater que Corenswet réussit à humaniser l’homme d’acier et à révéler les failles d’un Clark Kent mal armé pour la complexité des relations amoureuses. Brillant.
Coup DC
Au final, ce Superman est un divertissement qui n’a pas à rougir des blockbusters estivaux. Très puéril certes, mais sans prétention. Il se regarde comme on feuillette une BD : d’un œil distrait, parfois accroché par des moments épiques ou des idées bien trouvées. La renaissance du film de super‑héros attendra, en attendant, on peut se laisser embarquer.