Swipe

Très vite après l’université, Whitney Wolfe cherche à changer le monde en utilisant les progrès de l’informatique. Rapidement, elle fait une rencontre qui va changer sa vie. Nous sommes au début des années 2000 et la jeune femme d’à peine 25 ans intègre le service marketing d’une start‑up sur le point de révolutionner les applications de rencontres. Leur projet n’a pas encore de nom : elle va lui en trouver un, Tinder.

Love Me Tinder ?
Qu’on se le dise, Swipe n’est pas The Social Network des années 2020. Il n’en demeure pas moins un film divertissant et même passionnant dans ce qu’il raconte. Comme celui de Fincher, le film de Rachel Goldenberg nous montre les dessous de la Silicon Valley. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils sont assez loin du monde des Bisounours.

On savait que la tech était un univers ultra‑masculin, on n’imaginait pas à ce point sa toxicité envers les femmes. Le boys band de geeks qui imagine notre futur, caché au milieu de la Californie, n’a certainement pas encore saisi que le XXIe siècle est bien parti pour être féminin, en tout cas un peu moins inéquitable.

Le film est passionnant d’un bout à l’autre, car en filigrane d’un parcours inspirant qui aboutira à l’empire Bumble, il met surtout le doigt sur le problème fondamental de notre société. Le monde qui nous entoure est conçu majoritairement par des hommes, donc un point de vue masculin, et souvent même patriarcal. À l’heure où les femmes revendiquent légitimement l’équité qui leur est due, c’est un problème.

Le patfait profil

Comme elle l’avait fait avec Pamela Anderson dans la série Pam & Tommy, Lily James prend à bras‑le‑corps son rôle et sa performance est assez incroyable. Elle porte littéralement le film sur ses épaules en étant de toutes les scènes. Malheureusement, cela ne doit pas être trop lourd tant le scénario et la réalisation de Swipe sont bien mollassons, surtout au regard de la destinée incroyable de son héroïne, prête à tout pour inverser les dynamiques patriarcales.

Swipe n’est pas le brûlot anti‑Silicon Valley post‑#MeToo qu’il aurait mérité d’être. Le film, malgré ce qu’il dénonce, reste assez sage. Pire, il est au final largement hagiographique (même si un carton final nous apprend que la créatrice de Bumble n’est en rien impliquée dans le film) et perd donc assez rapidement de son attrait. Un peu plus de profondeur et de complexité n’auraient certainement pas nuit à l’affaire.

Finalement, dans une belle mise en abyme, le film se regarde distraitement, comme lorsqu’on swipe sur une appli de rencontres : avec toujours ce secret espoir d’être charmé.