Task

Succès critique de 2021 passé assez discrètement sous bien des radars, Mare of Easttown a permis à son créateur Brad Ingelsby de profiter d’une petite notoriété. Suffisante en tout cas pour qu’HBO mette à nouveau son nom en avant dans la communication pour sa nouvelle série Task, qui arrive le 8 septembre sur HBO Max. Comme on ne change visiblement pas une équipe qui gagne, il s’agit une nouvelle fois d’un drame très classique mais diablement efficace.

Au cours là aussi de seulement 7 épisodes, il est principalement question de suivre deux personnages et leur entourage. D’un côté, celui de Tom Pelphrey (regardez Banshee, par pitié), un père de famille qui décide avec deux autres comparses de cambrioler des maisons de dealers de drogue pour mettre sa famille à l’abri. De l’autre, Mark Ruffalo, un agent du FBI au bout du rouleau qui, à l’aide d’une équipe montée pour l’occasion, tente de l’identifier et de l’arrêter.

Un plan qui Banshee dans la colle

Heureusement, pour ajouter un peu de sel à ce scénario très convenu, les choses vont rapidement déraper des deux côtés. D’autres personnages et une poignée de sous‑intrigues permettent de dynamiser le récit, tout en évitant en partie de trop embrasser le cliché du flic qui pourchasse un criminel. D’autant qu’avant d’être une série policière ou même un thriller, Task est surtout un drame slow burner qui s’intéresse à la vie compliquée de ses personnages.

Des deux côtés de la barrière, la plupart sont au 36ᵉ dessous. Nos héros en sont le meilleur exemple et partagent le fait d’appartenir chacun à une famille brisée et dysfonctionnelle. Pour embrasser les poncifs, ils donnent le sentiment d’être les deux côtés opposés d’une même pièce usée. Les performances de Mark Ruffalo et de Tom Pelphrey sont comme à leur habitude impeccables, les deux acteurs émeuvent plus d’une fois. Même compliment pour Emilia Jones et pour le jeune interprète de Sam, convaincants.

Des personnages qui en ont plein le Hulk

Malgré son classicisme, Task parvient régulièrement à surprendre. Rien de révolutionnaire pour qui consomme un minimum d’œuvres du genre, mais l’écriture est suffisamment efficace et intelligente pour prendre au dépourvu lors de scènes explosives ou de quelques surprises scénaristiques. De quoi élever la série au niveau de True Detective et consorts ? Probablement pas : il manque encore un peu de personnalité, notamment du côté de la réalisation, assurée cette fois par plusieurs mains.

Si, dans l’océan de séries de 2025, nous aurons sûrement oublié Task d'ici quelques mois, la formule est suffisamment maîtrisée pour recommander le show aux amateurs du genre. L’ensemble est fabriqué avec talent à défaut de réinventer la roue, dure juste la bonne longueur, et certains passages très centrés sur la famille et d’autres thématiques profondes nous ont parfois rappelé la bouleversante Rectify. Oui, nous gardions l’argument massue pour la fin.