The Bear saison 4

The Bear fait assurément partie de ces séries qui ont mis tout le monde d’accord lors de son lancement, puis divisé les spectateurs au fil de ses saisons. Cela a surtout été le cas lors de la saison 3, peu appréciée en comparaison des débuts, à juste titre primés. En revenant malgré tout pour une saison 4, elle s’exposait à irrévocablement trop tirer sur la corde et à se condamner aux souvenirs teintés de regrets.

Une nouvelle fois composée de 10 épisodes quasi intégralement réalisés par son créateur, la saison 4 fait pourtant le choix de persister dans son changement de style. La frénésie de la cuisine et du restaurant, dont la survie est incertaine, a presque totalement été remplacée par de longs dialogues d’introspection entre deux ou trois personnages maximum. De série sur la cuisine saupoudrée de drame psychologique, on passe ici à l'exact opposé, que cela plaise ou non.

Cuisson à feu doux‑amer

Au premier abord, la saison 4 semble littéralement tourner en rond. Des personnages centraux de la saison 3 sont à peine présents et très peu de nouveaux arcs narratifs sont lancés. En réalité, ce sont avant tout les décisions et les traumas de Carmy que les scénaristes veulent explorer. Jeremy Allen White et ses partenaires sont une nouvelle fois impeccables et prennent plus d’une fois aux tripes.

Difficile cependant de ne pas se dire qu’il ne se passe pas grand‑chose de palpitant à l’écran, et ce malgré l’horloge stressante qui tourne en cuisine avant la fermeture programmée du restaurant si la barre n’est pas redressée. Terminés les plans‑séquences stressants et enthousiasmants, le show appuie sur la pédale de frein quand on aurait aimé qu'il mette les gaz pour partir avec panache.

Pourtant, au‑delà d’une écriture toujours aussi naturelle et efficace, une décision narrative vient sauver The Bear de l’ennui. Cette fois, bien des personnages, le chef de cuisine le premier, vont connaître des prises de conscience permettant de les faire évoluer et de faire avancer (un peu) leur histoire et le récit. Les périodes de conflits électriques et la toxicité ambiante sont en majorité derrière eux, le temps de la rédemption, des excuses et parfois de l’audace, est venu. Une positivité ambiante qui fait du bien.

Le goût déso

Dans ces moments émouvants, ou quand l’alchimie entre les personnages prend en cuisine ou en dehors, impossible de ne pas se laisser porter par The Bear comme à ses débuts. Malheureusement, ces passages sont assez rares et les allergiques aux longs (looooongs) dialogues introspectifs filmés au plus proche des visages risquent de repartir déçus. Il faut se faire à l’évidence : la recette de The Bear a irrémédiablement changé, et il faudra apprendre à l’aimer ou à arrêter de la consommer.

Cette saison 4 se montre un peu plus efficace et équilibrée que la troisième, mais cela suffit‑il à conserver l’aura des débuts ? Pas sûr. Reste désormais à voir ce que The Bear aura à raconter, et surtout comment elle le fera, lors de sa saison 5, déjà commandée. Avec le changement de dynamique initié en toute fin de saison 4, nous restons partiellement curieux et optimistes, même si la série semble avoir déjà raconté une grande partie de ce qu’elle avait à dire.