The Beast in Me
Si on vous dit série, qualité, thriller et espionnage, probablement penserez‑vous à juste titre aux excellentes séries Homeland et The Americans. Cela tombe bien puisque le show qui nous intéresse aujourd’hui, The Beast in Me de Netflix (qui aurait aussi pu s'appeler Vrais voisins, faux amis) en mêle plusieurs ingrédients. Créée par Gabe Rotter mais showrunnée par Howard Gordon (codéveloppeur de Homeland, donc), cette mini‑série en 8 épisodes arbore une tête d’affiche qui rappelle des souvenirs : Claire Danes (visage éternel et marquant de Homeland) et Matthew Rhys (bluffant dans The Americans avec sa partenaire Keri Russell).
L’intrigue s’intéresse à Aggie Wiggs, une autrice à succès dont la vie est au fond du gouffre depuis le décès de son jeune enfant. Recluse seule dans sa maison et en panne d’inspiration, celle-ci va voir son existence basculer à nouveau quand Nile Jarvis emménage à côté de chez elle, un magnat de l’immobilier aussi riche que détestable et, surtout, principal suspect pour le meurtre de sa femme.

Mon voisin trop trop beau
Avec son format ramassé, The Beast in Me assume pleinement son statut de thriller psychologique qui n’a pas vocation à revenir pour plusieurs saisons. C’est assurément une bonne chose, car la série n’a finalement que peu de choses à raconter. Si quelques dialogues profonds permettent d’explorer des thématiques fortes ainsi que la psyché humaine et sa complexité, la série n’est peut‑être pas aussi marquante ou originale qu’espérée. Mais que cela soit dit : la série de Netflix reste globalement solide et convaincante.
Elle est principalement portée par l’ensemble de son casting, impeccable. Certes, Claires Danes et ses incroyables mimiques de visage rappellent un peu trop Carrie Mathison par moments, mais impossible de ne pas être bouleversé par son personnage de femme brisée qui n’arrive pas à avancer. Même chose pour Matthew Rhys, régulièrement terrifiant malgré son jeu volontairement minimaliste qui donne l’impression qu’il porte en permanence un masque pour cacher les profondeurs de son personnage. La relation ambiguë de ces deux voisins est sans aucun doute le cœur battant du show.

Monstre et compagnie
Malheureusement, The Beast in Me manque d’originalité quand il est question de l’intrigue en dehors d’eux. Le pan thriller de ce thriller psychologique est un peu trop téléphoné et classique pour réellement élever le show au‑dessus de la mêlée et le rendre davantage mémorable. Même chose pour la réalisation, efficace mais pas renversante et dont la photo notamment hurle « série Netflix » à chaque plan. La partie psychologique n’explore elle non plus rien de réellement nouveau, mais le fait avec suffisamment d’efficacité pour justifier d’y investir 8 heures de son temps.
Si The Beast in Me ne se hisse pas parmi les meilleures des meilleures séries de la plateforme, reste qu’il s’agit d’une belle production qui n’a pas à rougir malgré son classicisme. Elle confirme surtout que l’on aimerait plus souvent voir ce duo d’acteurs, et que vous devriez rattraper Homeland et The Americans si ce n’est pas déjà fait.