The Running Man
Ce n’est pas la première fois qu’Hollywood adapte le roman éponyme de Stephen King. En son temps, Paul Michael Glaser, avec Arnold Schwarzenegger en vedette, avait tenté l’aventure en livrant un film pop‑corn coloré où le personnage de Ben Richards tenait lieu de monolithe impavide. Une référence mineure dans la filmographie de Schwarzy, qui a d'ailleurs particulièrement mal vieilli.
Pour cette nouvelle version, c’est le réalisateur de Baby Driver, Edgar Wright (Hot Fuzz, Shaun of the Dead) qui s’y colle avec, dans la peau de Ben Richards, l’inévitable Glen Powell. Sous la plume et la caméra d’Edgar Wright, le récit s’inscrit davantage dans le sillage du roman : dans un futur proche, The Running Man est l’émission N°1 à la télévision, un jeu de survie impitoyable où des candidats, appelés les Runners, doivent échapper pendant trente jours à des tueurs professionnels sous l’œil avide d’un public captivé. Ben Richards, ouvrier désespéré prêt à tout pour sauver sa fille gravement malade, accepte l’impensable : participer à ce show mortel.

Un film plus sombre et plus brutal que l'original
Dès le départ, le ton est plus sombre et le personnage de Ben Richards, constamment en colère, apparaît plus humain et plus vulnérable que ne l’était la version campée par Schwarzy en 1987. Pour le reste, le film se divise en deux catégories : les scènes cul‑cul larmoyantes (le héros pense à sa fille et à sa famille) et les scènes d’action à la tonalité plus brutale que la version de 1987. Comme si l’on sentait à la fois les tractations de Wright pour aller un peu plus loin qu’un blockbuster lambda en essayant de rester proche du roman, et celles du studio qui retient les rênes.
Le meilleur rôle de Glen Powell
Le résultat est hybride, pas vraiment aidé par sa musique grandiloquente et fatigante. En dépit des efforts de Wright et de quelques moments de bravoure, le film manque d’audace et de véritables enjeux politiques pleinement assumés pour convaincre. À l’inverse, Glen Powell réussit à donner de l’humanité, de la force et de la densité à son personnage et s’offre, au passage, son meilleur rôle. C’est d’ailleurs la seule performance vraiment marquante du film. Les effets spéciaux sont corrects mais la sensation qu’aucun décor n’est réel et que tout a été tourné sur fond vert est permanente, et ça aussi, ça épuise.
Sans compter que Wright a bien du mal à conclure son film, avec quatre fins successives, tant et si bien qu’on se demande finalement s’il ne faudrait pas mieux relire le roman ou revoir, avec délice, cet ovni cinématographique français : Le prix du danger, qui reste au fond la meilleure adaptation du roman de King, ou l’inverse.
Dans Le prix du danger (1983), adapté d’une nouvelle de Robert Sheckley publiée en 1958, un candidat d'un jeu télévisé traqué doit survivre pour gagner une grosse somme d’argent. Une histoire très proche du film original The Running Man, trop proche pour le réalisateur Yves Boisset et les ayants droit qui engagèrent à la fin des années 1980 une action en justice pour plagiat/contrefaçon contre la Fox et la production du film. La justice française reconnaîtra en cassation le plagiat/la contrefaçon au regard des ressemblances avec le film de Boisset.