04 novembre 2025 - 10h30

The Smashing Machine

année
2025
Réalisateur
InterprètesDwayne Johnson, Emily Blunt
éditeur
genre
sortie salle
29/10/2025
notes
critique
7
10
A
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Dans les années 90, un sport de combat sort peu à peu de l’ombre. D’abord pratiquée en Asie, la lutte devient rapidement à la mode partout ailleurs. Mark Kerr, surnommé The Smashing Machine, était l’un des pionniers de la discipline. Le film raconte son histoire.


Solide comme un Rock

Présenté à la Mostra de Venise, le nouveau film de Benny Safdie, avec Dwayne « The Rock » Johnson et Emily Blunt, The Smashing Machine, a fait sensation avec une standing ovation interminable et son acteur en pleurs. Accessoirement, le film est reparti avec le Lion d’argent du Meilleur réalisateur. Pas mal pour le premier film solo de Benny Safdie, qui officiait auparavant avec son frère Joshua (Good Time ou Uncut Gems). Un prix certes mérité mais tout de même assez généreux, puisque la grande attraction du film reste la prestation de Dwayne Johnson dans un rôle aux antipodes de ceux qui ont fait sa renommée et, paradoxalement, sans doute très proche de lui.


Le film est un biopic classique qui n’a d’intérêt que dans l’incroyable parcours qu’il raconte. On est bien loin, tout de même, des qualités de The Wrestler de Darren Aronofsky, avec lequel The Smashing Machine partage beaucoup. La déchéance d’un combattant, d’un roc pourtant a priori inébranlable, tel est donc le sujet du film. Et visiblement, le réalisateur est fasciné par son héros, auquel le film n’est somme toute qu’un vibrant hommage de plus de 2 heures. Les dernières images du film, avec le véritable Mark Kerr, sont là pour en attester. Tout le film sent l’empathie, et il faudrait effectivement avoir un cœur de pierre pour ne pas succomber au charme de ce gros nounours entièrement dévoué à son art et à son sport, à qui Dwayne Johnson prête si bien ses traits et son corps trop gros, déformé par les muscles.

 

Benny Safdie et Dwayne Johnson sur le tournage de The Smashing Machine

Benny Safdie et Dwayne Johnson sur le tournage de The Smashing Machine


À l’instar de cette scène sur sa blessure immense quand il perd son premier combat. Une blessure plus narcissique que physique, qui transparaît dans le regard de l’acteur. À la fois triste comme un enfant qui ne comprend pas l’injustice et résigné comme un adulte qui sait que cela devait bien arriver un jour. Magistral en loser magnifique.

 

L'œil du Tigrou

Malheureusement, Benny Safdie, qui opte pour une réalisation à la limite du documentaire (tourné principalement en mode guérilla, caméra à l’épaule), reste assez sage. Banalisé visiblement pour les Oscars, le film se contente de survoler son personnage principal sans vraiment essayer de le comprendre. La caméra est certes nerveuse, les coups de zoom s’enchaînent comme des uppercuts, mais au final, le tout est assez fade. Le scénario survole son magnifique sujet. À peine l’addiction de Kerr aux opioïdes est‑elle expliquée, une addiction qui va de pair avec celle du ring et des victoires pour lesquelles il sacrifie sa vie. À peine son amitié indéfectible pour son principal adversaire est‑elle abordée.


C’est d’autant plus flagrant avec le personnage joué par Emily Blunt, dont la complexité aurait sans doute mérité mieux qu’un traitement de faire‑valoir limite hystérique. Il ne manque pourtant pas grand‑chose pour que The Smashing Machine soit le Rocky des années 2020, un film humaniste, un combat d'un homme contre lui‑même et les autres. Au détour d’une scène à la fête foraine ou d’une autre à l’hôpital, le film laisse entrevoir de beaux moments de cinéma et le film qu'il aurait pu être…

 

Le film rate de peu sa cible, mais c’est aussi ce qu’il nous raconte : nous ne sommes pas des machines, et c’est sans doute dans les échecs que nous sommes les plus beaux.

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