19 septembre 2025 - 14h58

Une bataille après l’autre

année
2025
Réalisateur
InterprètesLeonardo DiCaprio, Sean Penn, Teyana Taylor, Chase Infiniti, Benicio Del Toro
éditeur
genre
sortie salle
24/09/2025
notes
critique
8
10
label
A
soutenir

Bob (Leonardo DiCaprio), ancien révolutionnaire d’extrême gauche au sein de l’organisation French 75, part à la recherche de sa fille, enlevée par son ennemi juré d’antan : un militaire d’extrême droite, le colonel Lockjaw (Sean Penn).


American Nightmare
En adaptant librement Vineland, le roman de Thomas Pynchon, Paul Thomas Anderson transporte l’action des années 1960 à nos jours pour mieux mettre en exergue la dichotomie de la société américaine actuelle. Car Une bataille après l’autre est avant tout un film hautement politique, au message anti‑Trump assumé. La crise démocratique et l’ultra‑violence du pays sont au cœur de ce film aux faux airs de comédie d’action.


Penser que l’auteur de MagnoliaThere Will Be Blood ou Licorice Pizza allait se contenter de livrer un pur divertissement pour son dixième film, était bien naïf. Au‑delà de son humour parfois potache, génialement porté par un Leonardo DiCaprio dont la composition lorgne clairement vers celle de Jeff Bridges dans The Big Lebowski (The Dude), le film est avant tout le portrait acide de l’Amérique actuelle.

 


Le message du film est clair : l’Amérique a perdu ses idéaux, à l’instar de Bob (Leonardo DiCaprio), ex‑révolutionnaire désabusé et paranoïaque, désormais alcoolique limite junkie. Le terrain est désormais fertile pour les suprémacistes blancs et le trumpisme triomphant. Heureusement, peu à peu, pour l’amour de sa fille, il reprend goût à la révolte et sans doute à la vie. Et même s’il ne sait pas « quelle heure il est ? » (géniale idée de scénario qui veut que notre héros ait oublié les codes secrets révolutionnaires d’il y a 15 ans), il va finalement arriver à lui transmettre une conscience politique.


Sagrada Familia
Une bataille après l’autre parle aussi, et peut‑être surtout, de transmission, celle d’une génération à l’autre. Le film est clairement une déclaration d’amour d’un père à sa fille. Au‑delà de son constat sur l’état du pays, il sait rester positif et même étonnamment optimiste, sur la fin. C’est en cela qu’il est touchant. DiCaprio y est pour beaucoup avec sa prestation de papa poule. Il faut dire que face à lui, la prestation de Chase Infiniti, qui joue sa fille, est assurément une aide précieuse, tout comme Teyana Taylor. Celle-ci porte tout le premier acte du film dans le rôle de Profidia Beverly Hills, sa mère icône de la révolution. Les deux actrices rayonnent complètement et ne se laissent en aucun cas éclipser par un casting très masculin.

 

À commencer par Sean Penn, dans une prestation à Oscar incroyable. En militaire raciste ras‑du‑front, il est tout bonnement parfait. Chacune de ses scènes est un manuel de comédie. Benicio del Toro, quant à lui, est incroyable en pendant zen de DiCaprio, parano en mode pile électrique. Leur duo est l’un des must du film et amène beaucoup de comédie là où on ne l’attend pas vraiment. Construit sur les ruptures de tons, le film est jubilatoire à ce niveau‑là.

 


Plein de cinéma
Mais comme souvent dans le cinéma de Paul Thomas Anderson, le spectateur peut rapidement avoir l’impression d’un trop‑plein. Une bataille après l’autre déborde sur près de 3 heures. C’est un grand manège d’émotions, de coups de feu, de courses‑poursuites, de gags, de vannes, de leçons d’acting, de plans déjà iconiques (Teyana Taylor enceinte jusqu’au cou, flingue pétaradant à la main) et d’idées de mise en scène sublimes (la course‑poursuite finale), le tout sur une bande‑son aux petits oignons.


Il y a beaucoup de films en un seul, de moments forts, mais finalement pas vraiment de grandes surprises. Au‑delà de la relation père/fille et de la course‑poursuite qui sert de trame au film, le constat que fait Une bataille après l’autre sur l’Amérique actuelle n’est pas vraiment une surprise. Le film s’aventure rarement au‑delà du simple portrait d’un pays en crise et de ses citoyens paumés, prisonniers de sa violence. Qu’importe, le plaisir pur du cinéma est là, et ce n’est déjà pas si mal. Comme le dit le titre, c’est toujours une bataille après l’autre…

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