le 17 juin 2025 - 18h00

Danny Boyle, l'ADN punk

Vingt‑deux ans après 28 jours plus tard, Danny Boyle revient avec une suite ambitieuse et profondément ancrée dans notre époque actuelle. Le cinéaste britannique évoque avec franchise son film brut et iconoclaste.

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Le Brexit a‑t‑il été le point de départ du scénario de 28 ans plus tard ?

 

C’est intéressant d’avoir votre point de vue français, parce qu’effectivement, le Brexit est bien au cœur de notre intrigue. Il ne peut pas en être autrement. Vous avez cette île littéralement repliée sur elle‑même, isolée du reste du monde, qui tente par tous les moyens d’éloigner ceux qui voudraient y pénétrer. Cela conduit à l’isolement et au confinement. Nous avons tous vécu le confinement, la pandémie. Mais des comportements ont été guidés par la peur. Définitivement, le film et la communauté décrite dans le film ont été inspirés par ces éléments.

 

On a le sentiment que les membres de la communauté de survivants dans le film sont figés dans le passé…

 

Oui, exactement. La communauté dans le film est totalement repliée sur elle‑même. Elle ne se projette jamais dans le futur, elle ressasse sans arrêt le passé. C’est de la pure nostalgie où, forcément, le passé est considéré comme meilleur. Pour eux, le futur n’existe pas. C’est à partir de cet élément très précis que nous avons bâti l’intrigue de ces trois films, qui sont totalement indépendants les uns des autres, mais qui nous permettaient de raconter une histoire encore plus importante que ce que nous avions fait avec 28 jours plus tard.

 

Depuis 28 jours plus tard, que ce soit en série ou au cinéma, le thème des zombies a été largement exploité avec The Walking Dead, The Last of Us, World War Z. Cela a‑t‑il été un frein pour vous ?

 

Bien au contraire. L’appétit pour le genre zombie ou infecté ‑appelez‑les comme vous voulez‑ est insatiable. C’était stimulant pour nous, car même si beaucoup de sujets ont déjà été abordés et explorés dans ce domaine, cela oblige justement à avoir des idées neuves, à innover. Et comme nous l’avons fait avec 28 jours plus tard, 28 ans plus tard est un film original. Bien sûr, il y a toujours un virus et des infectés, mais nous avons apporté des idées originales et des émotions inédites, qui ne sont pas simplement des recyclages de ce qui a déjà été fait auparavant dans le genre. En tout cas, c’est ce que nous avons essayé de faire.

 

Le film évoque, avec le Bone Temple et le personnage de Kelson incarné par Ralph Fiennes, l’euthanasie de manière frontale. Comment vous sont venues cette idée et cette manière si originale de l’aborder ?

 

À Londres, il y a un mémorial qui a été créé par le peuple, le gouvernement n’y est pour rien, de près ou de loin. Il fait presque un mile de long et il y est simplement inscrit les noms de toutes les victimes du covid pendant la pandémie. Ce mémorial est intact, il n’y a pas de graffiti dessus, personne ne l’a jamais souillé, il est respecté par tout le monde. Dans le film, le Bone Temple peut être perçu dans un premier temps comme une vision d’horreur, mais c’est en réalité un mémorial pour tous ceux qui ont été tués par le virus ou victimes de dommages collatéraux liés au virus. C’est une manière de se rappeler que nous sommes tous mortels.

 

C’est pour embêter les fans que Cillian Murphy, héros du premier film, n’est pas dans 28 ans plus tard ?

 

Il est producteur exécutif du film. Donc il est impliqué dans le projet (rires). Vous allez le voir à la toute fin du deuxième film et le troisième film sera 100% Cillian Murphy ! Le deuxième film, lui, aura pour vedette Jack O’Connel, dont le personnage est extraordinaire.

 

Pour finir, définiriez‑vous 28 ans plus tard comme un film punk ?

Parfaitement ! J’ai grandi avec la culture punk. Ça fait partie de moi, être punk, c’est dans mon ADN, je n’y peux rien. J’aime le punk, cette énergie positive. Les idées des jeunes sont les meilleures. Je pense que le progrès se construit là‑dessus. J’adore cette irrévérence. Lou Reed disait exactement la même chose peu de temps avant de mourir : il faut chérir cette énergie, c’est essentiel à la culture et au progrès.

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