le 30 juin 2025 - 12h01

Gareth Edwards, Spielberg, son héros

Le talentueux Gareth Edwards (The Creator, Monsters) se livre avec passion sur la réalisation de « son » premier Jurassic World. Humble et sympathique, son adoration pour un certain Steven Spielberg n'est pas feinte.

A
soutenir
gareth-edwards-spielberg-son-heros

Le film dans son ensemble, et en particulier sa première partie, peut‑il être vu comme un hommage appuyé à Steven Spielberg ?

C’était dans l’ADN du projet. Quand on m’a proposé de lire le script pour la première fois, je me suis demandé ce que ça allait être, si ça tenait la route. Et puis il y avait cette séquence sur l’océan, avec un bateau qui traque une créature géante à l’aide d’un câble… Et là, tu te dis : attends une seconde… ce film‑là, je l’ai déjà vu. Tu penses tout de suite aux Dents de la mer. Et tu te demandes comment tu vas t’en sortir. Franchement, si quelqu’un d’autre m’avait proposé ce projet, j’aurais probablement dit non, vous ne pouvez pas faire ça, c’est Les dents de la mer ! Mais comme c’était Steven Spielberg lui‑même derrière tout ça, j’ai simplement dit : « OK. Merci beaucoup ».

 

Comment sort‑on de ce genre de piège ?

C’est très compliqué. Les dents de la mer, c’est un chef‑d’œuvre. Une véritable masterclass pour quiconque veut faire du cinéma. Je l’ai revu des dizaines de fois avant d’attaquer Jurassic World : renaissance. Je me suis senti vraiment intimidé. Et quand tu sais que Spielberg lui‑même va regarder les rushs pendant qu’ils sont développés en labo… crois‑moi, tu es très nerveux. Ce n’est que lorsqu’il m’a envoyé un texto adorable que je me suis détendu. J’étais comme un gamin : j’ai montré le message à tout le monde ! C’est là que tu réalises à quel point ce métier peut être beau. Quand un de tes héros t’envoie un retour comme ça, ça reste gravé.

 

Lorsque Steven Spielberg réalise Jurassic Park, il mêle habilement animatroniques, effets réels et effets spéciaux numériques, en alternant constamment entre ces techniques pour préserver l’illusion. Qu’en est‑il pour Jurassic World : renaissance ?

Le mosasaurus, par exemple, était entièrement en images de synthèse… enfin, presque. On a tourné des scènes réelles dans l’océan. On est allé en Méditerranée, avec un vrai bateau, des hélicoptères, des caméras de cinéma, tout un attirail. On avait même un autre bateau équipé d’un bras robotique géant, une sorte de plateforme animatronique montée sur les flancs, capable de faire des cascades spectaculaires. Tout ça a été filmé au large de Malte.

 

 

Quel a été le plus gros défi technique ?

L’eau. Sans hésiter. Les dinosaures, on sait faire. Mais recréer de l’eau en numérique, c’est l’un des plus gros défis en effets visuels. Au début, j’étais inquiet. Heureusement, on avait avec nous une partie de l’équipe qui avait bossé sur Avatar. Ils m’ont dit : « T’inquiète. On va te faire la meilleure eau que tu n’aies jamais vue ». Je leur ai répondu : « Bonne chance ». Et puis un jour, je reçois un clip sur mon téléphone : le mosasaurus bondit hors de l’eau. C’était bluffant. Je l’envoie à David Koepp, le scénariste. Il ne répond rien. Le lendemain, il m’écrit : « Putain, je viens de comprendre que c’était le mosasaurus ! Je croyais que tu m’avais juste envoyé un extrait YouTube ! ». Il pensait que c’était réel. Il n’avait même pas perçu que c’était de la CGI. Là, je me suis dit que l’eau était parfaite. On pensait devoir passer des semaines à corriger, ajuster chaque détail… Et finalement, c’était tellement convaincant qu’on s’est mis à pinailler sur… les nuages. Les trucs secondaires. C’était incroyable.

 

Le film n’est pas qu’un simple défilé de dinosaures. Il y a aussi une scène assez réussie entre Scarlett Johansson et Mahershala Ali, sur un bateau. Comment avez‑vous préparé cette séquence ?

C’était vraiment eux, entièrement. Moi, j’ai juste fait… le travail difficile (rires). En tant que réalisateur, dans ce genre de scène, il faut savoir s’effacer. J’avais des idées visuelles bien sûr, mais je voulais que tout reste organique, naturel. Ce qu’on a fait ‑et qui a vraiment aidé‑ c’est de jouer les scènes d’un seul tenant, sans les découper. Plutôt que de filmer en plans fixes, on a laissé les acteurs vivre la scène. S’ils bougeaient ou se levaient, la caméra devait les suivre en temps réel. C’était un sacré défi pour l’équipe image, car il fallait rester fluide, précis, sans jamais casser l’émotion. Mais ça a permis aux comédiens de rester dans leur bulle. Ils n’étaient jamais interrompus. Moi, j’étais super content du résultat. Mais j’avais une vraie crainte : que le studio coupe ces scènes. Parce qu’on ne voit pas souvent ce genre de moment dans un blockbuster de dinosaures… Et là, grosse surprise : non seulement ils ne les ont pas coupées, mais ils ont même proposé de les rallonger. On a testé plusieurs versions, coupé quelques éléments ici et là, mais au final, tout ce qui était dans le scénario est resté dans le film. Très peu de choses ont été retirées. Le film dure 2h04 sans les crédits, et honnêtement… on n’a pas eu besoin d’en faire plus.

en plus
soutenir
pour continuer
Chaque semaine, recevez l’actualité tech et culture
Inscrivez-vous
Recevez l’actualité tech et culture sur la Newsletter cesar
Inscrivez-vous
OK
Non merci, je suis déjà inscrit !