le 19 avril 2012 - 17h16

Martin Scorsese

Atlantic City et la Prohibition vus par Martin Scorsese dans une série produite par Mark Wahlberg et écrite par Terry Winter (Les Soprano). Toutes les conditions réunies pour un (très) grand moment télé. Rencontre avec Martin Scorsese, à l’occasion de la sortie en vidéo de la saison 1.
A

 

Depuis une dizaine d’années, il y a une sorte de nouvel âge d’or de la série TV, qui renvoie à ce qu’a connu le cinéma américain dans les années 70, soit une liberté de ton et de forme inédite, dont vous avez été un des principaux acteurs. Est‑ce la raison pour laquelle vous tournez aujourd’hui pour la télévision ?

 

MS Oui et non. Je trouve très intéressant ce qui se passe à la télévision depuis dix ans, particulièrement sur HBO. C’est quelque chose dont je rêve depuis le milieu des années 60, quand la télévision a commencé à produire des téléfilms. J’ai toujours voulu avoir un espace de liberté créative, sans censure, où je pourrais avoir le temps de développer des personnages et une histoire sur le long terme. Il a fallu du temps pour que cela arrive…

 

On peut dire que ce moment a commencé avec Les Soprano en 1999. Alors pourquoi avoir attendu plus de dix ans ?

 

MS J’ai été tenté plusieurs fois de développer un projet de série TV. Mais croyez‑moi, pendant très longtemps, cette opportunité ne s’est pas présentée à moi de manière aussi évidente que pour Boardwalk Empire.

 

Pourquoi Boardwalk Empire ?

 

MS La cartographie du monde à l’époque et de ce monde parallèle décrit dans le scénario de Terry Winter (scénariste et producteur de la série Les Soprano, NDLR) est dans la mouvance de Mean Streets, du Parrain et de Casino. Pour moi, c’est un peu comme un retour aux sources, qui n’est d’ailleurs pas si éloigné de mon travail sur Gangs of New York et la ville de New York. Il s’agit de l’histoire de la naissance des gangs et les prémices du crime organisé. Boardwalk Empire, ce sont les gangs, la Pègre, la Prohibition et la collusion des politiques et du crime. La série revient sur le début de l’histoire d’amour passionnel qu’entretient l’Amérique avec le crime organisé et ses héros tragiques. Dans les plus grands classiques du cinéma, le héros est souvent un gangster. On aime les gangsters parce qu’ils font tout ce qu’on n’a pas le droit de faire, mais on s’attend aussi à ce qu’à la fin, ils paient pour leurs crimes. Je pense que tous ces éléments dramatiques et fascinants sont présents dans Boardwalk Empire.

 

Pourquoi les années 20 sont‑elles aussi déterminantes dans le récit ?

 

MS C’est l’époque de la Prohibition et de toutes ses conséquences ! Dans tous les livres que j’aie pu lire pendant des années sur le sujet, notamment en préparant Gangs of New York, j’ai constaté que les figures emblématiques du crime comme Lucianio, Capone, Torrio et Rothstein, ont émergé à cette époque. C’est à ce moment‑là qu’ils se sont organisés et qu’ils sont devenus puissants. De plus, j’ai connu la fin des années 40 et le début des années 50. Les années 20 étaient juste derrière nous. Je me remémore même mon père et ma mère en parler…

 

Quelles ont été vos intentions en réalisant le pilote ?

 

MS Je voulais être le plus proche possible de ce que Terry avait écrit dans le scénario. J’ai tourné extrêmement rapidement, ce qui n’est pas pour me déplaire tant cela m’a donné de l’énergie. J’ai passé un excellent moment avec les comédiens et j’ai eu la même exigence et la même méthode pour réaliser ce pilote qu’au cinéma.

 

Pourquoi Steve Buscemi, au demeurant formidable ?

 

MS Nous avions déjà travaillé ensemble à l’occasion de New York Stories, et je voulais le retrouver. J’adore l’intensité qu’il met dans les moments dramatiques, mais aussi son sens de l’humour si particulier. Quel que soit le personnage dans lequel il se glisse, Steve a toujours l’art de magnétiser la caméra sur lui.

 

Pourquoi n’avez‑vous pas réalisé d’autres épisodes que le pilote ?

 

MS Mon emploi du temps ne me le permettait pas. Mais soyons clairs, j’aimerais en réaliser d’autres et je peux même vous dire qu’un jour où l’autre, je le ferai.

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