par Paco Altura
10 février 2014 - 14h33

Prisoners

année
2013
Réalisateur
InterprètesHugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Maria Bello, Terrence Howard, Paul Dano
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

En Pennsylvanie, deux fillettes disparaissent à l’approche de l’hiver. L’inspecteur Loki appréhende vite un suspect, Alex, jeune homme retardé. Faute de preuve, Alex est relâché. Keller, le père d’une des deux fillettes, persuadé qu'Alex est impliqué dans le kidnapping, enlève à son tour le jeune homme pour le faire parler coûte que coûte. Loki poursuit son enquête mais les jours passent, sans nouvelles des enfants.

Pour faire un Prisoners, prenez un verre (paysage urbain étouffant de la banlieue de Boston), arrosez d’un zeste de thriller (course contre la montre pour retrouver deux enfants) puis allongez généreusement de drame psychologique (comment réagir face à l’inacceptable ?). Ce cocktail étrange, servi glacé par le réalisateur québécois Denis Villeneuve, peut intriguer. Et beaucoup agacer aussi.

D’abord parce que la réalisation de Villeneuve, si elle sait installer un malaise rampant et puissant comme le froid, louche effrontément sur l’esthétique et la rythmique des derniers films de David Fincher. Sans parvenir à les égaler.

Ensuite parce que l’un des deux interprètes principaux, Hugh Jackman, a manqué de confiance en lui. L’acteur, qui campe Keller, père de famille et bombe à retardement émotionnelle prêt à tout pour sauver sa fille, a eu le tort de ne pas faire confiance à son métier et son impressionnante présence physique. Au lieu d’injecter au cocktail de petites pincées d'angoisse, d'orchestrer un savant crescendo de violence, Jackman ouvre carrément la lance à incendie : il montre, démontre, souligne et scande que son personnage est au bord de la rupture psychologique. Il en fait beaucoup. Beaucoup trop.

Ainsi maltraité, le cocktail Prisoners devrait finir dans l’évier. Sauf que le second acteur principal, Jake Gyllenhaal (déjà présent dans le Zodiac de Fincher), réussit à sauver la recette et à remettre en place l’édifice à lui tout seul. Gyllenhaal ne partait pourtant pas gagnant : on ne sait presque rien du détective Loki mais l’acteur, grâce à un travail d'une extrême finesse sur son corps et son visage, réussit à créer un personnage à la fois palpable, puissant et flippant car, de toute évidence, en chemin vers la folie. En gourmet éclairé, Jake Gyllenhaal joue sans cesse sur le non‑dit, la construction en creux, le suggéré. La précision et la finesse de son interprétation suffisent à donner du coffre au duel psychologique entre Loki et Keller et à sauver Prisoners d’une indifférence polie. Respect.

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- de 12 ans
Prix : 19,99 €
disponibilité
12/02/2014
image
1.85
SD 576i (Mpeg2)
16/9
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Français Dolby Digital 2.0
Anglais Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français, français pour sourds et malentendants
7
10
image
Une image glaciale, grise et terne, entièrement voulue par le réalisateur qui voulait filmer Prisoners dans un entre-saison automne/hiver américain « glauque et claustrophobique ». Les extérieurs paraissant presque morts, les scènes d'intérieur et les éclairages à la bougie gagnent un contraste chaud, presque orangé, qui suggère tantôt le recueillement, tantôt la violence à venir. L'effet est parfaitement contrôlé, tout comme les pures scènes de nuit, notamment une courte poursuite à pied et un rush final en voiture qui jouent très savamment des lumières urbaines. Globalement, une copie très satisfaisante.
7
10
son
Du travail propre mais sans grand éclat faute de scènes de bravoure. Il faut attendre le rush en voiture préludant au final pour que le Home Cinéma donne vraiment du coffre et gronde comme un moteur de Ford Mustang. Côté spatialisation, tout est en place mais la scène finale offre en cadeau une touche marquante et très subtile (impossible à décrire sinon spoil !).
5
10
bonus
- Making of (9')
- Hugh Jackman et Denis Villeneuve au cœur du labyrinthe (4')
Des modules courts mais paradoxalement complémentaires. Un montage d'interviews (Au cœur du labyrinthe) expose le parcours compliqué du film (parcours chaotique du scénario...) et le choix d'une période de tournage étonnante. Malgré quelques palabres promo oubliables, le making of offre lui un sympathique aperçu de l'ambiance de tournage mais surtout permet au réalisateur d'expliquer comment il a travaillé récit et rythme pour ne pas déflorer le coup de théâtre final. Mieux vaut donc ne pas regarder le making of avant d'avoir vu le film...
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