par Carole Lépinay
03 mars 2015 - 09h54

Mommy

année
2014
Réalisateur
InterprètesAnne Dorval, Antoine-Olivier Pilon, Suzanne Clément, Patrick Huard, Alexandre Goyette, Michèle Lituac
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Diane Desprès, surnommée « Die », quadra sexy et mère célibataire, doit désormais partager son quotidien avec son fils de 16 ans, Steve (Antoine‑Olivier Pilon), fraîchement expulsé de son centre d’accueil pour actes de violence. Très vite, sa mère se retrouve à son tour confrontée à son comportement impulsif et brutal, ses accès bipolaires de plus en plus fréquents. Un jour, Kyla (Suzanne Clément), la très réservée voisine d’en face, fait irruption dans leur vie.

Faut‑il encore présenter Xavier Dolan, lequel, à seulement 25 ans, compte déjà quatre films à son actif et accouche d’une bombe hyperactive au format carré (1.1), format propice tant au portrait qu’à la communication des sentiments selon ses propos. Un cadre volontairement serré donc, malléable toutefois selon l’humeur et la personnalité exaltée de son protagoniste, comme en témoigne la superbe séquence où Steve en skate, Wonderwall de Oasis dans les oreilles, élargit le cadre, comme s’il avait le pouvoir de rendre le monde plus grand, son monde gonflé à l’énergie juvénile, excluant toute demi‑mesure.

Après J’ai tué ma mère (2009), le prodige québécois interroge à nouveau la figure matriarcale, source d'amour et de haine. Dans Mommy, on peut aussi bien jumeler la famille recomposée à celle toujours au bord de l’explosion, puisque c’est lors d’une sérieuse dispute entre la mère et le fils que déboule la mutique Kyla. Ce triangle inattendu est visiblement inadapté aux cases conventionnelles, car la monoparentalité, la précarité de Diane, se battant avec et contre son fils malade, le bégaiement de Kyla, changée en « desperate housewife » suite à la perte d’un enfant, les éjectent naturellement du moule sociétal. Ensemble, ils s’échangent autant de vacheries en joual (un patois qui force la teneur mélo‑comique des dialogues) que les silences bienveillants de Kyla s’imposent comme un catalyseur salvateur pour ce cocon en surchauffe.

On se laisse embarquer sur ces montagnes russes, en éprouvant l’âpreté de leurs descentes comme on peut jouir, à la minute suivante, de la vie format XXL. À prendre sans ne rien laisser.

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blu-ray
cover
Tous publics
Prix : 24,99 €
disponibilité
18/03/2015
image
1.1 et 1.85
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Québécois/Joual DTS-HD Master Audio 5.1
sous-titres
Français imposé sur la VO
10
10
image
Le format carré du film, type Polaroid, surprend à peine plus de trois minutes, avant de se rendre compte qu'il a pour effet de se concentrer au plus près des personnages, de leur visage, de leurs émotions. Et la qualité d'image n'en demeure pas moins sublime, lumineuse, hautement contrastée, pointue et surtout extrêmement touchante. Le cinéma de Dolan, définitivement humain, transperce à chaque plan. Une esthétique au service de l'histoire, à qui la HD de ce Blu-Ray va étrangement comme un gant.
8
10
son
À peine plus de trois personnages et pourtant une richesse (beaucoup d'ambiances à l'arrière) et un style d'une grande modernité. Il faut dire que la musique joue un rôle primordial, au point d'avoir prévalu (Ludovico Einaudi, Experience) à la conception d'une des séquences marquantes du film (que nous ne dévoilerons pas pour ne pas la déflorer). Des silences et des percées fulgurantes. De l'énergie pure et beaucoup de mélancolie. La patte Dolan, c'est aussi cela.
7
10
bonus
- Entretien audio de Michel Ciment avec Xavier Dolan pour France Culture (49')
- Entretien de Laurent Weill avec Xavier Dolan, Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon et Suzanne Clément (19')
- Discours de Xavier Dolan à Cannes (6')
- Revue de presse
Passage incontournable, le long entretien audio de Michel Ciment avec Xavier Dolan pour France Culture. Très loin des sentiers battus de la promo pure, le jeune réalisateur revient sur ses thèmes fondateurs, ses références cinéphiles, son apprentissage au fil des tournages et sa méthodologie (chouette passage technique où il raconte la naissance du scénario : d'abord un plan à plan, puis un synopsis très court, ensuite un séquencier, puis le jeu des post-it…). Une belle interview complétée par celle, plus classique, de Laurent Weill et la remise du Prix du Jury à Cannes par Jane Campion, cinéaste qui a sans doute impulsé la carrière de Dolan.
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