par Cédric Melon
13 avril 2018 - 17h31

Au revoir là-haut

année
2017
Réalisateur
InterprètesNahuel Perez Biscayart, Albert Dupontel, Laurent Lafitte, Niels Arestrup, Émilie Dequenne, Mélanie Thierry
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Après s’être mutuellement sauvé la vie dans les tranchées pendant la Première guerre mondiale, Albert (Albert Dupontel) et Edouard (Nahuel Pérez Biscayart) ont presque tout perdu, l’un sa femme et ses illusions, l’autre une partie de son visage et son envie de vivre. Armé de talents cachés et d'un sens inné de l'embrouille, le duo remonte non sans mal la pente dans un grand tourbillon de folie et de poésie.

 

Adapter au cinéma Au revoir là‑haut, prix Goncourt 2013 signé Pierre Lemaitre, était un pari très audacieux. 600 pages de costumes, de mise en époque, ornées d'une scène de bataille époustouflante, il fallait bien la vision artistique d’un Dupontel pour resserrer le scénario sans dénuturer l’histoire et livrer un tel film pour un budget de 20 millions d’euros, là où d'autres, outre‑Atlantique, auraient tout simplement refuser d’envisager la chose à moins de 140 millions de dollars…


Le résultat est aussi inattendu que lourd de sens pour le cinéma français. Pas une faute de goût dans les partis pris de Dupontel réalisateur (on ne parle même pas de l'acteur), qui a su s'entourer d'artistes remarquables lorsqu'il s'agit, notamment, de créer des masques fantasmagoriques ou reconstituer une image à l'ancienne, fruit d'un long travail de recolorisation. Le résultat est fabuleux et nous entraîne dans une histoire folle jusqu'à un final shakespearien à souhait.

 

Calé sur un récit merveilleux, Albert Dupontel a tempéré ses ardeurs pour servir les personnages d’un autre sans jamais renier son ADN et son style, foisonnant comme à l'accoutumée de références à la peinture et au cinéma (Amadeus de Miloš Forman, l'expressionnisme allemand, Chaplin, Apocalypse Now…). Alternant les scènes brillantes et drôles (le vol de morphine) et instants tragiques (les dernières séquences), Au revoir là‑haut trouve finalement son équilibre entre fantaisie pure et tragédie funeste, abstraction et dur retour à la réalité.

 

Reste une question : Dupontel a‑t‑il eu suffisamment de budget pour tourner le film qu'il souhaitait et que le roman de Lemaitre méritait ? À titre de comparaison, il y a quatorze ans, Un long dimanche de fiançailles de Jean‑Pierre Jeunet bénéficiait d’un budget de 57 millions d’euros. Avec moitié moins, Dupontel parvient à faire des miracles. 

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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
28/02/2018
image
2.35
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français Dolby Atmos
Français Dolby TrueHD 7.1
Français DTS-HD Master Audio 2.0
Audiodescription
sous-titres
Français pour sourds et malentendants, anglais
10
10
image

Albert Dupontel lui-même l'explique dans son commentaire, l'image a été saturée puis recolorisée pour un effet autochrome d'époque. Technique dite de la plaque de verre qui permit dès 1907 de capturer des photos en couleurs, notamment de la Première guerre mondiale.

 

Le rendu à l'écran est unique en son genre, à mille lieues du tout-venant, à la fois poétique et idéal pour la reconstitution de l'époque. Cela engendre évidemment un surcroît de grain, ici totalement assumé et intégré à la narration, d'autant plus réaliste. Les tons bruns jaunis ne laissent que peu de place aux couleurs hormis les rouges, de toute évidence boostés (rouge à lèvres, sang…) pour un effet encore plus étrange.

 

En bref, une photographie élégante magnifiquement rendue par ce master HD impeccable. Seule l'ouverture filmée avec un drone aurait sans doute pu être transcendée avec des moyens plus conséquents.

10
10
son

Excellente prise de son pour les dialogues, rythme soutenu pour la bande-son (rehaussée de quelques morceaux empruntés, notamment à Ennio Morricone), ambiance naturelles et amples, tout y est. La piste Dolby Atmos (quelle bonne initiative) permet de donner au film une ampleur presque épique. La bataille, sans doute filmée avec une économie de moyens, apporte l'intensité sonore que l'image ne peut fournir. Le Dolby Atmos permet aussi au récit, malgré son thème traumatique, de gagner en énergie et en détail avec des placements judicieux des sons et bruitages dans la pièce. Un grand tourbillon sonore aussi.

8
10
bonus
- Commentaire audio de Dupontel
- Making of : neuf modules (DVD) (30')

Cela fait un moment que nous n'avions pas vu et entendu un commentaire audio si passionnant, qui plus est français. Une véritable leçon de cinéma selon Albert Dupontel, esprit vif, verbe disert, entrecoupée d'anecdotes rigolotes (le chien de la séquence au drone, parfait le jour J, ne savait même pas s'asseoir sur demande dix jours auparavant).

 

Vous saurez par exemple tout des qualités que le réalisateur recherchait chez ses comédiens, des angles de vues, des effets spéciaux, de l'équipe (nommée au grand complet et parfois partie prenante à l'écran via des panouilles), ou encore des références et influences cachées. Impossible de ne pas revoir le film dans ces conditions, et dans la foulée du premier visionnage pour votre serviteur. 

 

Les neuf petits modules de la galette DVD dévoilent des images des préparations et de tournage. Aucun commentaire, du brut de chez brut sur une musique jazzy. On aime.

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