par Carole Lépinay
30 mars 2021 - 10h35

Le trou

année
1960
Réalisateur
InterprètesJean Keraudy, Michel Constantin, Philippe Leroy, Raymond Meunier, Marc Michel, Jean-Paul Coquelin
éditeur
genre
notes
critique
10
10
label
A

Incarcéré à la prison de la santé pour tentative d’homicide, Claude Gaspard (Marc Michel) fait la connaissance de ces camarades de cellule. D’abord méfiants, les quatre prisonniers finissent par lui confier leur projet d’évasion.

 

Considéré comme « le plus grand film français de tous les temps » par Jean‑Pierre Melville, Le trou vient clore la filmographie de Jacques Becker (treize œuvres au total dont Casque d’or et Touchez pas au grisbi, ses plus connus), disparu quelques semaines avant la sortie de son film au printemps 1960.

 

À travers son approche quasi documentaire, le cinéaste capte au plus près la routine oppressante de ces hommes prêts à tout pour une bouffée de liberté. Par ailleurs, la solidarité qui les lie nous offre de fabuleuses scènes autour des ruses tactiques et de la cohésion de groupe déployées pour s’affranchir de leur statut de prisonnier, car ce sont avant tout des hommes épris de liberté qui remuent littéralement la terre dans des galeries souterraines.

 

Adapté du roman éponyme de José Giovanni, ce récit d’évasion qui se déroule en 1947 interroge les limites du corps collectif manifestement condamné à la trahison, une autre grande thématique de l’après‑guerre. À (re)découvrir.

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Tous publics
Prix : 29,99 €
disponibilité
02/09/2020
image
1.66
HD 1 080p (AVC)
16/9
bande-son
Français DTS-HD Master Audio 2.0
Français Audiodescription
sous-titres
Français pour sourds et malentendants
5
10
image

Malgré la restauration, le N&B demeure terne, souvent dur, peu précis et parfois parsemé de grain. Évidemment, les conditions sont les meilleures disponibles à ce jour et il ne faut pas bouder son plaisir de cinéphile. Les prises de vues harassantes lors du tournage pour toute l'équipe (dont Becker, qui n'y survivra pas longtemps) se ressentent au final à l'image, même si certains plans étonnent par leur qualité technique (le mini-périscope par exemple). L'économie de moyens et l'épure visuelle confèrent en revanche au film une modernité indéniable.

7
10
son

Les dialogues sont parfaitement audibles, jamais sourds ou défraîchis. Idem pour les bruitages, mesurés et équilibrés, laissant entendre la moindre goutte d'eau tomber au sol. De beaux détails pour un rendu plus limpide que l'image.

8
10
bonus
- Préface de Jean-Baptiste Thoret (10')
- Le trou revu par Jean Becker (41')
- Jean Keraudy : Là où mon bras passe, je passe (Collection Dossier Souvenirs 10/09/1970) (40')
- Cinéastes de notre temps (1967) (16')
- Cinépanorama (12')
- Entretien avec Philippe Leroy (6')
- Bande-annonce originale du film (7')
- Livre de 180 pages avec fac-similé du scénario original

Succès critique important mais véritable flop en salles, Le trou a été amputé par la production peu après sa sortie (les 24 minutes originelles ont été définitivement perdues). Toujours efficace et concise, la présentation de J-B Thoret résume la filmo de Jacques Becker (Casque d'or avec le duo Signoret/Reggiani, Touchez pas au grisbi avec Gabin...), précisant que c'est à l'occasion d'Ali Baba et les 40 voleurs (un film de commande pourtant mineur) que François Truffaut a tenté de l'imposer comme un auteur. D'ailleurs, la fameuse expression de la Nouvelle Vague -la politique des auteurs- naît à ce moment précis.  

  

Suit un entretien généreux dans lequel Jean Becker raconte sa formidable aventure aux côtés de son père sur le tournage du Trou. Il revient sur le style du cinéaste, grand admirateur de Renoir, Bresson et Howard Hawks. Selon lui, la caméra ne devait en aucun cas être visible, il était nécessaire de l'oublier pour prétendre à une authenticité. Anecdote marrante où Jacques Becker a exigé des mouches en plein mois de novembre pour la scène de ronde des gardiens, ces derniers s'ennuyant tellement qu'ils en étaient à nourrir des mouches (un épisode marquant pour José Giovanni lui-même).

 

Ancien détenu et multirécidiviste en matière de tentatives d'évasion, Jean Keraudy interprète Roland Darban dans le film. Par souci d'authenticité, Jacques Becker a engagé des acteurs non-professionnels sur le tournage, un facteur de crédibilité fondamental à ses yeux. 

 

Dans des entretiens croisés avec des pointures du cinéma, François Truffaut, Simone Signoret, José Giovanni et consorts rappellent l'amour du cinéma de Becker et l'homme qu'il incarnait derrière le cinéaste. Dans la prison reconstituée des studios de Billancourt, Jacques Becker défend son parti pris d'engager des acteurs non-professionnels, les comédiens interviennent à leur tour et confient leur excitation d'appréhender un univers qui leur est complètement inconnu. Parmi eux, un certain Michel Constantin. 

 

Ami de Jean Becker, Philippe Leroy (interprète de Manu Borelli) raconte ses souvenirs de tournage. Ignorant tout du monde du cinéma, il se retrouve catapulté sur le tournage du Trou, une expérience inoubliable animée par une admiration commune pour Jean Keraudy, le roi de l'évasion. 

 

En ultime bonus, l'excellent livret Explorer Le trou dans lequel on peut découvrir l'article de J-B Thoret autour du film (Seules les mains), suivi de ceux d'Antoine de Baeque (historien du cinéma) ainsi que des critiques Bernard Benoliel et Olivier Père. En deuxième partie, des articles de presse de l'époque et un fac-similé du scénario original.

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