par Jean-Baptiste Thoret
18 février 2010 - 16h42

Notorious B.I.G

VO
Notorious
année
2009
Réalisateur
InterprètesJamal Woolard, Derek Luke, Dennis White, Naturi Naughton, Angela Bassett
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Né Christopher Wallace, Notorious B.I.G fut l’une des nombreuses étoiles filantes du rap, assassiné à l’âge de 24 ans à la sortie d’une boîte de nuit et quelques semaines à peine avant la sortie de son deuxième (et bien nommé) album, Life After Death.

George Tilman Jr, réalisateur du fameux Soul Food, ne cherche pas à élucider les causes de cet assassinat survenu six mois après celui de son alter ego de la côte Ouest, Tupac Shakur, mais à saisir la vibration d’une époque qui nous semble déjà lointaine ‑les années 1990‑ au cours de laquelle les empires du rap se construisent à la vitesse de la lumière, où, à coups de mots et de flingues, s’affrontent les rappeurs de la West Coast (Tupac) et ceux de la East Coast (Notorious, P. Daddy), enfin, où émergent le gangsta rap et les premiers piliers du genre mais soft, Puff Daddy, Lil Kim, la petite protégée de Notorious (interprétée par Naturi Naughton, Fame le remake), ou encore Faith Evans, qui deviendra sa seconde femme.

Né à Brooklyn, Wallace connaît une enfance difficile ‑père absent, physique de Bibendum‑ mais tient grâce à sa mère (Angela Bassett, convaincante), sorte de boussole morale qu’il finira par suivre, et le rap, qui n’est encore que du hip-hop. Pourtant, le spectacle constant des jeunes dealers du quartier, tous flanqués de vêtements de marques de la tête aux pieds, a vite raison de lui. Wallace plonge. Trafic de drogues, exactions diverses, quelques séjours en prison et puis une rencontre providentielle avec Sean Combs, alias Puff Daddy, cador du rap en costard blanc qui, après avoir écouté une démo, façonne l’image de son poulain, produit son premier disque, lui explique les rouages du business avant de lui servir, dans une boîte de Big Mac, son premier gros chèque. Car chez Daddy, homme d’affaire hors pair, les dollars et les bagouzes ont remplacé les gros calibres du gangsta rap (trop violent, trop radical, pas assez rentable avouera-t-il en substance à son protégé, d’abord désireux de produire un premier album dur).

Notorious B.I.G n’est pas, et ne pouvait sans doute pas être, un film à charge : Puff Daddy, le cador de feu Big, occupe le poste de producteur exécutif du film et Voletta Wallace, la propre mère du rappeur, celui de conseillère. Résultat, Notorious B.I.G oscille souvent entre l’exaltation d’une imagerie vulgaire partout reconduite (bimbos lascives, cigares maousses, limousines, bijoux : le film participe aussi à une entreprise de promotion de la rap-xploitation), et la volonté de moraliser le fond du rap, de lui donner un sens, moins politique et/ou artistique qu’intime : « Apprend à devenir un homme » ne cesse de répéter Violetta à son fils, adulte et deux fois père.

Cela dit, Notorious B.I.G marque deux points. Tout d’abord, la performance impressionnante de Jamal Woolard (rappeur de Brooklyn qui fait ici ses débuts à l’écran) dans le rôle de Notorious ‑on pense parfois au jeune Forest Whitaker. Ensuite, George Tilman Jr parvient tout de même à montrer, en filigrane certes, la difficulté pour Notorious (et pour tant d’autres rappeurs de l’époque) d’identifier clairement la nature de ses motivations : le rap est-il pour lui une voie d’accès royale à des montagnes de dollars, ou celles-ci, la conséquence naturelle d’une démarche artistique ?

Tupac, bientôt son concurrent de la côte Ouest, lui reproche d'ailleurs de ne pas se souvenir que le rap vient d’ailleurs que des tiroirs caisses et de plus loin que le hip-hop : du révérend Jesse Jackson, de Martin Luther King ou du premier comique noir Richard Pryor. Il semble que Notorious le comprenne enfin, mais trop tard.

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cover
Notorious
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
17/02/2010
image
2.35
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Anglais Dolby Digital 5.1
Italien Dolby Digital 5.1
sous-titres
Français (imposé sur la VO)
10
10
image
Sublime image pour du DVD. Différentes époques, différents styles, mais toujours un rendu impeccable. Contraste, relief, lumière, compression, on ne peut rien reprocher à cette photographie qui se révèle ici sous son meilleur jour. C'est clinquant, cossu et chargé. En plein dans le rap. Un vrai clip.
8
10
son
Là aussi, ça déchire. La bande-son, enjouée et pleine d'énergie, est émaillée de titres musicaux nerveux et toujours bien intégrés à l'ensemble. Si, techniquement, VO et VF se valent, préférez absolument la piste anglaise pour le jeu des comédiens et l'immersion.
7
10
bonus
- Commentaires audio du réalisateur, des deux co-scénaristes et du monteur
- Commentaires audio de Voletta Wallace, mère de Notorious, et de ses deux producteurs et co-managers
- Le souci du détail (5')
- Images inédites d'un concert (3')
- Scènes coupées (12')
Les commentaires sont du petit-lait pour tous les amateurs de rap, West or East. Les infos pleuvent, certains protagonistes se trouvaient avec Notorious 24 heures avant son assassinat, et les réactions de sa mère sont vraiment touchantes. Sa voix tremble pendant tout le commentaire et on découvre peu à peu une autre facette de son défunt fils. C'est d'ailleurs son petit-fils, Christopher Jordan Wallace, qui interprète le jeune Notorious dans le film. Le reste des bonus est plus anecdotique.
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