par Jean-Baptiste Thoret
06 juin 2011 - 12h30

Le soldat dieu

VO
Kyatapirâ
année
2010
Réalisateur
InterprètesShinobu Terajima, Shima Ohnishi, Ken Yoshizawa
éditeur
genre
notes
critique
7
10
A

Le vétéran japonais Koji Wakamatsu, cinéaste activiste et enragé, fondateur du pinku politique (sorte de cinéma rose mais engagé) et auteur du récent United Red Army, signe ici son centième film. Chez le réalisateur de Sex Jack ‑c’est son côté pasolinien‑ sexe et politique ont toujours fait bon ménage, le premier servant de Cheval de Troie au second, depuis Quand l’embryon part braconner (1966) jusqu’à ce soldat qui, de retour de la guerre sino‑japonaise, muet et amputé de ses quatre membres, n’a plus que son sexe pour exprimer sa colère.

Wakamatsu reprend et creuse la ligne de L’embryon (affrontement en huis clos entre un homme et une femme/rapports de maître à esclave), même s’il opte pour une mise en scène en apparence plus assagie. Pourtant, la séquence au cours de laquelle la femme exhibe dans une brouette, à des paysans en pâmoison, sa larve de mari, jouissant ainsi d’une humiliation (la haine) qu’elle maquille en glorification (la dévotion et la raison d’État), compte parmi les images les plus glaçantes jamais filmées par son auteur.

Comme dans l’essentiel des films de Wakamatsu, Le soldat dieu établit un rapport de causalité, sinon central, en tout cas incontestable, entre la reddition du Japon à l’issue de la Seconde guerre mondiale le 2 septembre 1945 et l’état végétatif de ce soldat devenu freak tyrannique et libidineux. En contraignant sa femme à des rapports sexuels fréquents ‑métaphore d’une guerre continuée en secret et sur le tatami‑, le monstre du film constitue l’ultime avatar de l’homme wakamatsien : ni coupable, ni victime, mais plutôt sacrifié, si souvent poussé à réaffirmer dans la violence et l’abus de pouvoir une virilité symboliquement entamée par la défaite inaugurale de 1945 et le traité de sécurité nippon‑américain signé six ans plus tard. Un film dur, peu aimable mais passionnant.

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dvd
cover
Kyatapirâ
- de 12 ans
Prix : 19,99 €
disponibilité
03/05/2011
image
1.85
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Anglais Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français, anglais
5
10
image
De qualité variable, cette image présente parfois un rendu très vidéo, presque lisse (surtout au début du film). Mais cette impression s'estompe par la suite pour laisser place à un traitement plus cinématographique. On reste quand même loin de la précision parfaite, du piqué et de la netteté généralement constatés sur des films récents. Mais ça passe.
3
10
son
Une petite stéréo qui a oublié de prendre ses vitamines au petit-déjeuner. Un peu éteinte voire faible, elle place tout au même niveau : dialogues, ambiances, bruitages…
3
10
bonus
- Itinéraire d’un cinéaste révolté : Berlin 2010 (31')
- Livret 20 pages
Visiblement peu à l'aise en public et avare en paroles, le cinéaste est suivi backstage par une caméra durant son séjour à Berlin. Couloirs d'hôtel, réunion, déjeuner presse et conférence comme si vous y étiez.
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