par Laurence Mijoin
29 juin 2012 - 10h19

Les géants

année
2011
Réalisateur
InterprètesZacharie Chasseriaud, Martin Nissen, Paul Bartel, Karim Leklou, Marthe Keller, Gwen Berrou
éditeur
genre
notes
critique
5
10
A

Un été, quelque part dans la campagne belge. Livrés à eux‑mêmes, deux frangins, Zak et Seth, rencontrent un autre ado du coin, Danny, lui aussi désœuvré. Parents absents, pas d'argent : les trois compères vont affronter l'adversité. Ensemble.

À l’instar de ses confrères Delépine et Kervern, qui en ont fait l’un de leurs acteurs fétiches, Bouli Lanners aime le road movie. Comme eux, il chérit les espaces vierges, les herbes folles et les êtres abîmés qui viennent s’y perdre. Moins corrosif que ses deux compères, le réalisateur belge, que l’on ne peut imaginer autrement que comme un vrai tendre au grand cœur, livre ici un récit initiatique aux allures de conte, mais dont la dimension onirique est doucement atténuée par une forme naturaliste ‑toutefois moins radicale que celle des frères Dardenne, même si l’on se trouve outre‑Quiévrain‑.

Filmant en Scope, Lanners cadre avec soin l’enfance perdue de ses trois héros (parfaits jeunes acteurs à la fois pleins d’espièglerie et de mélancolie latente), bousculée par une adolescence que l’on devine trop courte, trop abrupte, et qui va les précipiter trop vite vers l’âge adulte. Il les perd donc comme trois petits Poucet dans une nature faite de champs de maïs, de forêts majestueuses et de petits lacs. Autant de havres de paix bien moins menaçants que ne l’est le monde des grandes personnes : soit des parents absents, soit d’odieux personnages (dont un trafiquant de drogue avec lequel ils vont devoir traiter contre un peu d’argent de poche).

On y voit parfois La nuit du chasseur pour la cruauté suprême des adultes et l’ambiance à la lisière du surréalisme, parfois encore Stand by me pour l’indéfectible solidarité fraternelle qui lie les trois adolescents. Mais ce qui ne permet pas aux Géants de s’élever au niveau de ces références, malgré la sincérité de l’entreprise et le talent des comédiens, c'est le manque de caractérisation des jeunes héros qui conduit à une dynamique de groupe basique où les interactions se font rares. Ce petit « déficit de personnalité » et des péripéties un peu faibles empêchent le film d’atteindre tout son potentiel émotionnel.

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dvd
cover
Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
07/03/2012
image
2.35
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français Dolby Digital 5.1
Français Dolby Digital 2.0
sous-titres
Aucun
7
10
image
Malgré une compression visible sur les zones sombres et certains aplats de couleur, cette édition à la définition correcte garantit un bon confort de visionnage. Ce sont les plans de la nature qui s'en sortent le mieux, notamment ceux nimbés de lumière, offrant une belle sensation de relief, des couleurs soutenues et des contrastes appuyés. Une copie DVD très honnête, qui respecte toujours le ton naturaliste de la photo signée Jean-Paul de Zaetijd.
7
10
son
Chant des grillons, crépitement du feu de camp, murmure de la pluie… La piste Dolby Digital 5.1 remplit son office, proposant un mixage qui fait la part belle à la spatialisation tout en restant naturel. Pas de démonstration sonore donc, mais un juste équilibre entre sons de la nature, musique très enveloppante et chaude en façade, et dialogues (parfois légèrement étouffés). La version Dolby Digital 2.0 n'est pas en reste, avec une belle dynamique de l'ensemble. Dommage que l'édition ne propose pas de sous-titres pour sourds et malentendants.
5
10
bonus
- Le tournage des Géants par Zacharie, Paul et Martin (24')
- L'autre making of (3')
- Clip de The Bony King of Nowhere (3')
- Bande-annonce
Bonne idée que d'avoir confié la caméra aux enfants du film pour tourner leur propre making of, qui rend bien compte de la bonne humeur générale et de la sincérité de l'entreprise. On y voit évidemment Bouli Lanners diriger son équipe avec un gant de velours plutôt qu'avec une main de fer. Techniquement parlant, ce bonus ne présente pas un grand intérêt, mais il permet de mieux saisir l'ambiance qui régnait sur le tournage. Le second making of, en musique, s'apparente à un clip de trois minutes compilant bêtisier et séquences prises sur le vif. Centré sur l'ambiance, à l'instar du making of des enfants, il est un peu redondant. Enfin, pour ceux qui en redemandent, un clip vidéo de l'artiste The Bony King of Nowhere (tourné à partir d'images du film), auteur de la BO très folk du film, vient clore cette interactivité. Un choix musical très à propos de la part de Lanners, pour accompagner le périple de ces trois gamins en plein spleen. Dommage que le réalisateur n'ait pas profité des bonus pour se confier sur ce film intimiste.
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