Miss Bala
Cela fait plusieurs années que le centre le plus inventif du cinéma s’est déplacé en Amérique Latine et du Sud, entre le Mexique, l’Argentine et le Chili. Miss Bala n’est pas un chef‑d’œuvre mais un thriller mexicain bien ficelé, qui témoigne surtout d’une grande acuité politique.
Inspiré de faits réels, le film de Gerardo Naranjo choisit de raconter (encore une fois) la guerre qui ensanglante le Mexique depuis les années 2000, mais du point de vue de ses victimes et en particulier de l’une d’entre elles, Laura, la fameuse Miss Bala du titre (Stephanie Sigman) qui, un soir, après avoir gagné un concours de miss, est témoin d’une tuerie perpétrée dans une boîte de nuit. Pour elle, c’est le début de l’enfer : en échange de sa vie et de celle de sa famille, elle est contrainte de convoyer de la drogue pour le compte d’un groupe de trafiquants.
Miss Bala démonte à merveille l’engrenage de la violence, la vitesse avec laquelle une jeune femme pauvre et issue d’une famille honnête se retrouve projetée au cœur de cette horreur (un verre accepté, une copine un peu louche, et c’est fini) qui hante chaque recoin de cette société plombée par le crime et la corruption. Car Laura le saisit vite, ici, les milieux mafieux et politiques marchent main dans la main. Les cartels ne fonctionnent qu’avec l’appui des seconds, et plus largement, sous la tutelle de certaines antennes des services secrets américains.
Évitant toute forme de spectaculaire ou de sensationnalisme, Miss Bala reste à hauteur d’homme (ou plutôt de femme : on perçoit tous les événements à travers son regard apeuré) et fait froid dans le dos. Un film à découvrir.