par Laurence Mijoin
18 février 2013 - 15h25

Madagascar, le monde perdu

année
2011
Réalisateur
Interprèteaucun
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Madagascar est une terre unique, fruit de la dislocation du supercontinent Gondwana. D'abord séparée de l'Afrique au Jurassique, puis de l'Asie au Crétacé, l'île, immense (elle s'étend sur près de 1 600 km du nord au sud) et isolée depuis des millions d'années, a vu sa faune et sa flore se développer indépendamment, si bien qu'environ 75% des espèces animales et végétales du pays sont endémiques. Dépourvue de grands prédateurs mais dotée d'une variété inouïe de paysages et d'animaux merveilleux, Madagascar ressemble bien à un paradis perdu, territoire où la vie semble suivre son cours comme en des temps reculés, et ce, malgré les climats les plus rudes (forte humidité à l'est, sécheresse extrême à l'est).

C'est cette beauté grandiose et unique que s'attache à montrer cette série documentaire de BBC Earth (Yellowstone, la lutte pour la vie) en trois épisodes (Une île prodigieuse/Des paradis perdus/Terre de chaleur et de poussière), dévoilant des créatures extraordinaires comme ce scarabée girafe, formidable petit architecte capable de plier et d'enrouler une grande feuille d'arbre pour y loger son œuf. On y découvre également le plus petit caméléon du monde, à peine plus long qu'une grosse fourmi. Animal emblématique de Madagascar, le lémurien est ici filmé sous toutes ses coutures, chacune des espèces (lémur catta, lémur à ventre roux, hapalémur…) révélant leurs us et coutumes et la spécificité de leur pelage. Et même si l'on se garde bien de verser dans l'anthropomorphisme, difficile de ne pas noter les similitudes entre l'Homme et ces petits primates, sociables et aux mains particulièrement agiles.

Au gré de time‑lapses somptueux et de prises de vues incroyables (on visite même l'intérieur d'une plante carnivore en plein repas), Madagascar déploie toutes ses splendeurs, ses hauts plateaux évoquant le Grand Canyon, ses Tsingy tranchants (forêt d'éperons calcaires), ses baobabs millénaires, sa jungle luxuriante. Mais l'île dévoile aussi sa fragilité, sa vulnérabilité. Car le joyau de l'océan Indien a perdu de sa superbe au fil du temps, des défrichements, des brûlis. On estime la perte des forêts d'origine à environ 80%. Cette série doc haut de gamme, véritable travail d'orfèvre ayant nécessité des trésors de patience et d'ingéniosité (voir les making of pour s'en convaincre), rappelle qu'il est urgent d'agir, et plus que jamais indispensable d'apprendre à contempler.

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dvd
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Tous publics
Prix : 19,99 €
disponibilité
09/01/2013
image
1.77
SD 576i (Mpeg2)
16/9 compatible 4/3
bande-son
Français Dolby Digital 2.0
Anglais Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français
8
10
image
Cette édition, très stable, s'en sort très bien en basse lumière et propose même quelques séquences évoquant la qualité d'un Blu-Ray, comme ce time-lapse montrant l'éclosion d'une fleur de baobab en accéléré (dans l'épisode Terre de chaleur et de poussière). Les couleurs, éclatantes mais toujours naturelles, la précision des contours, la compression très discrète, la profondeur des noirs et les contrastes soutenus font honneur aux prises de vues splendides de cette série doc. Un très beau DVD.
7
10
son
C'est du Dolby Digital 2.0 pour la VF et la VO que l'on trouvera sur ces DVD, deux pistes assez équivalentes et qui garantissent un bon confort d'écoute, avec un bel équilibre entre bruits de la nature et commentaire. Les aficionados du naturaliste britannique David Attenborough pourront profiter de sa voix chaleureuse et habitée en VO.
10
10
bonus
- Documentaire L’œuf géant de David Attenborough (59')
- Documentaire Les lémuriens de Madagascar (29')
- Making of en trois parties (25')
Autant dire que l'on est gâté par ces bonus, aussi copieux que passionnants. Les trois making of (environ 8' chacun) dévoilent les conditions de tournage de trois séquences particulièrement ardues. Difficile en effet d'immortaliser l'hapalémur du lac Alaotra, qui évolue uniquement dans les roseaux, de filmer le lémur à ventre roux dans la canopée en pleine averse tropicale, ou encore de capter dans la nuit noire les mouvements du menaçant fossa (carnivore proche de la mangouste, de la taille d'un gros chien). Les amoureux des lémuriens pourront les retrouver dans un doc de près d'une demi-heure qui leur est consacré, s'intéressant un peu plus aux règles sociales qui régissent le quotidien de ces primates au comportement unique. Clou de l'interactivité, le doc L’œuf géant de David Attenborough, avec le fameux naturaliste en guise de guide, s'intéresse à une trouvaille que ce dernier fit lors d'un de ses premiers voyages dans l'île : un œuf géant, en morceaux, qu'il reconstitua, découvrant ainsi qu'il s'agissait de l'œuf de l'oiseau éléphant, créature de près de 3 m disparue depuis environ 1000 ans, probablement victime de la déforestation et de la consommation de ses œufs par l'homme. Cet oiseau mythique sert de fil rouge à ce doc, qui rappelle ainsi la fragilité des espèces, la menace que représente l'être humain pour la faune et la flore, mais se conclut sur de belles notes d'espoir, montrant la prise de conscience de la population malgache. Ainsi, un ancien chasseur d'indri (une espèce de lémurien) s'est reconverti en environnementaliste, protégeant aujourd'hui celui qu'il traquait autrefois pour sa viande. D'autres s'affairent à la reforestation pour restaurer l'habitat de nombreuses espèces, tandis que des femmes gagnent désormais leur vie en tissant la soie qu'elles récoltent elles-mêmes grâce à un programme de réintroduction du ver à soie dans la forêt. Un très beau complément qui mérite à lui seul le détour.
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