Shaka Ponk : Geeks on Stage
Nous étions pressés de découvrir in vivo le groupe qui se cache derrière la mascotte simiesque Mister Goz, tout juste auréolé de la Victoire de la musique du Meilleur DVD musical. Ni une ni deux, voilà la galette enfournée dans le lecteur et les enceintes inondées de décibels. On ne nous avait pas dit qu'il fallait des bouchons d'oreilles à la maison aussi, et pas qu'en concert (avec un bémol toutefois, nous y reviendrons dans la partie sonore).
Ça partait mal aussi côté image, avec une captation entachée d'illustrations en surimpression (nous sommes à Bercy le 5 janvier 2013 devant 16 500 personnes prêtent à « pogoter » et à « slamer » au moindre signe divin), ce qui a pour effet immédiat de nous détacher de la sensation du live. Cette fois, à notre grande surprise, tout s'emboîte parfaitement. Sous ses airs foutraques, la petite bande (Frah, Sam, Mandris, Cyril, Ion, Steve) est hyper‑pro et son univers techno‑organique pensé au pixel près.
Ex‑graphiste (tout s'explique), le frontman Frah déploie aujourd'hui sur scène son aura naturelle et ses talents vocaux ‑plus éraillés, on meurt‑ en compagnie de Sam, son alter ego féminin. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ces deux‑là entrent en scène comme d'autres font la guerre. Chargés à bloc, ces chamans du décibel, à la fois sauvageons vaudous et réincarnations bestiales d'un punk du troisième millénaire, déchargent leurs ondes positives dans une foule électrique. Rock, punk, heavy metal, électro… tous les styles se mélangent dans un grand tourbillon ébouriffant sur fond d'imagerie sexy.
Une performance née de la volonté du groupe de livrer ce soir‑là à ses fans un show unique, différent de ceux de la tournée. Avec ses titres plus anciens, la setlist est complétée par l'intrusion d'invités surprise : les Américains de Fishbone, Bertrand Cantat pour quelques titres plus posés, Matt Bastard de Skip the Use tout de rouge vêtu (suite à une bonne blague du groupe), ou encore Skunk Anansie par le truchement de la vidéo, dont les coulisses de la séquence sont à découvrir au sein des bonus.
C'est donc une gentille claque visuelle et auditive que Shaka Ponk nous inflige. L'humilité et la créativité « maison » de ce groupe adepte des synthés (ah, enfin un point commun !) finissent par nous retourner. C'est promis, la prochaine fois, on prévoira plus large en munitions. Shaka, on vous a dans le viseur !