par Paco Altura
23 mai 2014 - 11h44

Rêves d'or

VO
La jaula de oro
année
2013
Réalisateur
InterprètesBrandon Lopez, Karen Martinez, Rodolfo Dominguez, Carlos Chajon
éditeur
genre
notes
critique
8
10
label
A

Trois enfants originaires du Guatemala, Juan, Sara et Samuel, décident de quitter leur quotidien misérable pour tenter leur chance aux États‑Unis. Durant leur périple, à coups de trains clandestins, ils font la connaissance de Chauk, un Indien de leur âge qui ne parle pas espagnol mais rêve aussi d'un avenir meilleur. Au fil du voyage, le quatuor va tout expérimenter : l'amour, la jalousie, la compassion, l'entraide mais aussi la violence aveugle et l'injustice la plus crasse.

Embarquer dans Rêves d'or est comme monter dans un train dont on ne connaît pas la destination. Au fil des années, le réalisateur Diego Quemada‑Diez a en effet recueilli les souvenirs et anecdotes livrées par plus de 600 migrants clandestins. Soit autant de récits qui ont servi de canevas au film. Des canevas, pas de scénario, puisque le metteur en scène a laissé beaucoup d'espace d'improvisation à ses jeunes interprètes, tous saisissants de justesse.

Sa mise en scène est au diapason : documentaire, vive, elle capte l'ennui, la beauté, la laideur aussi avec réalisme et finesse. Aucune lourdeur, pas d'explications. La violence, quand elle surgit, frappe à la vitesse d'un fauve et disparaît aussitôt, laissant les personnages ‑et le spectateur‑ commotionnés par sa force et son imprévisibilité.

Avec de tels ingrédients ‑scénario canevas, improvisation, enfants face à la vie‑ on pourrait craindre un film lourdement militant, une œuvre auteurisante. Au contraire, ces Rêves d'or, toujours filmés à hauteur d'enfant, puisent leur force irrésistible au cœur d'une sincérité et d'une impartialité jamais prises en défaut. La vérité décrite ici arrache les tripes, fait mal au spectateur qui, même s'il sait peu de choses sur ces gamins, entre en totale résonance avec eux.

Le final du film, un peu plus stylisé, laisse sans voix, presque sans oxygène, mais avec un énorme sanglot au fond de la gorge. Rêves d'or est simplement déchirant. Et indispensable.

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La jaula de oro
Tous publics
Prix : 20,02 €
disponibilité
17/05/2014
image
SD 576i (Mpeg 2)
16/9
bande-son
Espagnol Dolby Digital 5.1
Espagnol Dolby Digital 2.0
sous-titres
Français
7
10
image
Les images dépouillées, enrichies d'un beau grain naturel toujours bien présent mais jamais perturbant, ne perdent rien des expressions des visages et de la beauté -ou de la hideur- des paysages traversés par les personnages. Rien n'est enjolivé, rien n'est enlaidi, tout est authentique. Et donc précieux.
5
10
son
Même si le film ne bénéficie que d'un très modeste VOST Dolby Digital 5.1, cette version est la seule qui nous paraisse envisageable car elle seule restitue au mieux les voix des acteurs et les quelques ambiances, vraiment notables lors des nombreuses scènes de chemin de fer. Au contraire, la VOST 2.0 aplatit la force des voix et renvoie aux oubliettes les environnements sonores.
7
10
bonus
- Présentation du film par Eric Guirado (membre du jury Caméra d'or au Festival de Cannes 2013) suivie d'une interview du réalisateur Diego Quemada-Diez. (7')
- Portrait des trois principaux acteurs (14')
- I Want to be a Pilot, court métrage de Diego Quemada-Diez (11')
Après une présentation très émue d'Eric Guirado, le réalisateur Diego Quemada-Diez expose une partie de la genèse du film et du sens qu'il a voulu donner à son récit. L'entretien avec Diego Quemada-Diez est passionnant, d'une extrême densité mais hélas un peu court. Les portraits des trois jeunes acteurs, en visite promotionnelle à Paris, permettent de faire connaissance avec trois personnalités étonnantes -particulièrement la petite Karen Martinez- et très attachantes. Les petits s'expriment avec candeur et livrent pas mal de petites infos sur le tournage et la méthode de travail atypique de Diego Quemada-Diez (dynamique du groupe, improvisations). Mais le plus émouvant est qu'ils ont encore des paillettes plein les yeux, en dépit de l'extrême dureté du film qu'ils défendent. Le court métrage I Want to be a Pilot, même s'il a été tourné quelques années plus tôt et non plus au Mexique mais dans les taudis de Nairobi, offre lui aussi un regard bouleversant mais plus nettement militant sur des orphelins, la tête pleine de rêves malgré la misère qui les emprisonne.
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