Rêves d'or
Trois enfants originaires du Guatemala, Juan, Sara et Samuel, décident de quitter leur quotidien misérable pour tenter leur chance aux États‑Unis. Durant leur périple, à coups de trains clandestins, ils font la connaissance de Chauk, un Indien de leur âge qui ne parle pas espagnol mais rêve aussi d'un avenir meilleur. Au fil du voyage, le quatuor va tout expérimenter : l'amour, la jalousie, la compassion, l'entraide mais aussi la violence aveugle et l'injustice la plus crasse.
Embarquer dans Rêves d'or est comme monter dans un train dont on ne connaît pas la destination. Au fil des années, le réalisateur Diego Quemada‑Diez a en effet recueilli les souvenirs et anecdotes livrées par plus de 600 migrants clandestins. Soit autant de récits qui ont servi de canevas au film. Des canevas, pas de scénario, puisque le metteur en scène a laissé beaucoup d'espace d'improvisation à ses jeunes interprètes, tous saisissants de justesse.
Sa mise en scène est au diapason : documentaire, vive, elle capte l'ennui, la beauté, la laideur aussi avec réalisme et finesse. Aucune lourdeur, pas d'explications. La violence, quand elle surgit, frappe à la vitesse d'un fauve et disparaît aussitôt, laissant les personnages ‑et le spectateur‑ commotionnés par sa force et son imprévisibilité.
Avec de tels ingrédients ‑scénario canevas, improvisation, enfants face à la vie‑ on pourrait craindre un film lourdement militant, une œuvre auteurisante. Au contraire, ces Rêves d'or, toujours filmés à hauteur d'enfant, puisent leur force irrésistible au cœur d'une sincérité et d'une impartialité jamais prises en défaut. La vérité décrite ici arrache les tripes, fait mal au spectateur qui, même s'il sait peu de choses sur ces gamins, entre en totale résonance avec eux.
Le final du film, un peu plus stylisé, laisse sans voix, presque sans oxygène, mais avec un énorme sanglot au fond de la gorge. Rêves d'or est simplement déchirant. Et indispensable.