un jour, mon agent m’appelle ‑j’étais à New York à l’époque‑ et il me dit que l’on vient de me proposer de jouer dans La gifle. Je ne savais pas de quoi il s’agissait, je suis allée acheter le livre et je n’arrivais plus à décrocher. J’ai appelé mes parents en leur demandant s’ils connaissaient ; ils étaient tout excités et n’arrêtaient de demander : « Pour quel rôle, pour quel rôle ! » Quand j’ai répondu Rosie. Ils étaient circonspects.
[qPourquoi ? oui. Lors de notre première rencontre, je l’ai laissé parler. Il m’a beaucoup parlé de ses émotions. Ensuite, il était sur le plateau tout le temps. Il m’a aussi fait une playlist des musiques qu’il écoutait pendant qu’il créait le personnage de Rosie pour le roman. À chaque scène sur le tournage, j’écoutais la musique qui correspondait. Cela m’a permis de rentrer complètement dans le personnage.
[qComment vous êtes‑vous préparée pour le rôle ? donner le sein à un enfant de 5 ans. Vous imaginez ? J’ai dû énormément travailler avec le jeune comédien qui interprétait mon fils, lui faire comprendre que ça ne me posait pas de problème. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble à l’aquarium, dans les musées, ça a été magique, nous sommes devenus mère et fils. Il n’a pas eu peur et il a été génial. Je lui rappelais sans arrêt que nous faisions semblant pour le rassurer. Quand il reçoit la gifle dans la série, j’ai griffé jusqu’au sang le comédien. C’était comme si on avait frappé mon propre enfant.
[qLa nudité ne vous gêne pas ? oh non… En tant qu’actrice, quand vous lisez le script, la première chose que vous vous demandez c’est : quand est ce qu’on tourne la scène du procès ? Elle vous obsède. Même la nuit, j’y pensais. Sur le plateau, j’ai expliqué au réalisateur que j’attendais ce moment depuis quatre mois et qu’à la seconde où il allait dire « action ! », j’allais pleurer et être totalement dans la scène, à tel point qu’il faudrait ne rien rater, car je n’allais pas pouvoir le refaire indéfiniment. Honnêtement, je me suis sentie me transformer pendant la scène. Je n’avais jamais ressenti ça auparavant. C’était incroyable. Les autres acteurs m’ont tellement donné pendant cette journée de tournage, alors qu’il n’avait rien à dire, que je me suis dépassée. Le réalisateur pleurait. C’était incroyable.
[qDans quel état étiez‑vous après ?
MG : blessée et totalement déprimée. Je pleurais tous les jours sur le plateau. Je ne suis pas folle, mais j’étais très triste.
C’est un rôle qui vous a changée ?
MG : cela m’a permis d’aimer encore plus mon métier, d’y croire encore plus.