le 16 juin 2023 - 10h11

On a vu Indiana Jones et le cadran de la destinée, verdict

Le quatrième volet d’Indiana Jones, Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal, pourtant réalisé par Steven Spielberg, était une déjà un épisode en trop dans la saga cinématographique culte. Ce cinquième opus relève de l’acharnement thérapeutique et numérique.

A

Réalisé par James Mangold (auteur du très bon Le Mans 66 piloté par Disney, propriétaire de Lucasfilm depuis 2012), Indy 5 fait rempiler Harrisson Ford, 80 ans, dans la peau du célèbre archéologue. Au seuil de la retraite, meurtri dans la solitude et l’alcool, le voilà sollicité par sa filleule Helena Shaw (Phoebe Waller Bridge), qu’il n’avait pas vue depuis une éternité, pour se lancer à la poursuite d’une relique ayant été conçue par Archimède au IIIe siècle avant Jésus‑Christ. Problème : ce cadran est également convoité par un nostalgique du Troisième Reich, Jurger Voller (Mads Mikkelsen), qu’Indy a croisé à la fin de la guerre.

 

 

Ça commence mal

Tout re‑commence par cette rencontre dans un train lancé en pleine campagne en 1944, où un Harrisson Ford rajeuni numériquement (De‑Aging) est pour la première fois confronté à Mikkelsen. Si le visage rafraîchi du comédien est plutôt convaincant, sa voix ‑celle d’aujourd’hui‑ n’est plus du tout la même qu’auparavant, précipitant tous ceux qui se souviendront de ce décalage voix/physique dans un trouble qui ne passera pas de tout le film.

 

Hélas, ce n’est pas le principal problème de cette séquence qui, sur le story‑board, pouvait paraître virevoltante. À l’écran, on est plus proche d'une cinématique de jeu vidéo (mais moche) que d'un film de cinéma. Tout sonne faux à la fin : le visage jeune d’Indy, sa doublure numérique qui court sur le toit d’un wagon, le train qui fonce dans la nuit, la pluie battante, le vent dans les cheveux, le paysage autour… Bref, rien ne va.

 

Les fans d'Indy expirent

Le ton est donné et ça ne va pas s’améliorer. On saute dans le temps pour retrouver Indy en 1969, devenu un vieux con alcoolique qui tance ses voisins trop bruyants. Après une poursuite à cheval dans les rues et le métro de New York mélangeant atrocement images numériques, prises de vues réelles et décors en toc, Indy continue le massacre à Tanger dans un tuk‑tuk fendard, mais aussi sous l’eau ou en l’air. Soit une overdose de numérique et d’invraisemblances pour un supplice de deux heures trente‑cinq. Les fans d'Indy expirent…

 

Pourquoi Harrisson Ford flingue le troisième rôle emblématique de sa carrière ?

Pas une seule fois on ne s’est pas demandé ce qu’on faisait là, à part assister à la décrépitude d’un mythe embourbé dans des effets visuels discutables (on se demande bien où sont partis les 300 millions de dollars du budget du film). Le seul mystère qui perdure une fois le film terminé, c’est pourquoi ? Pourquoi ne pas avoir pensé à ce que Tom Cruise a fait avec Top Gun et sa suite Maverick : respecter les fans, le film d’origine, et prolonger la magie, peut‑être en trichant un peu mais sans que cela se voit. Pourquoi Harrisson Ford a‑t‑il accepté, après Blade Runner et Star Wars, de flinguer le troisième rôle emblématique de sa carrière ? Fut un temps pas si ancien où on savait se retirer avec classe, sans faire le film de trop. Sean Connery, papa d’Indy, l’avait d'ailleurs fait après La ligue des gentlemen extraordinaires en 2003, il avait 73 ans. La meilleure idée pour ce cinquième Indiana Jones eut été de ne pas le faire.

 

Sortie le 28 juin sur tous les écrans cinéma.

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