13 jours, 13 nuits
Kaboul, août 2021. Les Talibans sont aux portes de la ville, et l’évacuation de l’ambassade de France a pris du retard. Les autres pays occidentaux ont déjà quitté l’Afghanistan. Coûte que coûte, le commandant Mohamed Bida et ses hommes vont tenter d'assurer la sécurité de l'ambassade et des civils réfugiés à l’intérieur.
Un pour tous
Après les deux diptyques Papa ou Maman et Les Trois Mousquetaires, Martin Bourboulon se lance dans le film historique pur. Contrairement à Eiffel, qui romantisait la construction de la célèbre tour, le réalisateur cherche cette fois à être au plus près de la vérité historique, en mode reportage. Et cela fonctionne… pas trop mal. La tension est palpable tout au long de ces 13 jours et 13 nuits.
Il faut dire que si Bourboulon n’est pas Spielberg, il peut compter sur l’intensité du jeu de Roschdy Zem, qui n’est plus à démontrer. L’acteur porte à lui seul le film et heureusement, car le scénario reste assez bancal. La faute sans doute à une volonté de livrer un film Netflix‑compatible, assimilable à l’international, quitte à tordre le cou à la narration pour y insuffler un maximum de dialogues en anglais et un enjeu vaguement familial.
Malgré une histoire vraie incroyable, fondée sur le courage d’une poignée d’hommes héroïques, le film recourt à de nombreux artifices qui alourdissent l’ensemble. Lyna Khoudri est une excellente actrice et le prouve encore ici, mais les invraisemblances autour de la péripétie liée à sa mère font tache. Que dire également du sort réservé à la journaliste américaine (jouée par Sidse Babett Knudsen), dont le personnage semble n’exister que pour créer une tension artificielle.
L’histoire sans faim
Alors bien sûr, chacun connaît vaguement l’issue de l’histoire de l’ambassade de France à Kaboul avant d’aller voir le film. Mais ce n’est pas une excuse. Dans Argo, Ben Affleck avait brillamment contourné cet écueil et su nous scotcher à notre fauteuil, bien que l’on connaisse le sort de ses personnages. Tout n’est pourtant pas à jeter dans ce 13 jours, 13 nuits. Le film tient la route, mais ne dépasse jamais le cadre du film de plateforme sans réelle ambition ni point de vue affirmé.
Pourtant, Martin Bourboulon sait filmer les mouvements de foule. La scène inaugurale de l’envahissement de l’ambassade est à ce titre incroyable. Il parvient à nous faire comprendre un espace complexe, il sait diriger ses acteurs… mais avec un tel sujet, c’est insuffisant. Ce qui fonctionnait à peu près dans Les Trois Mousquetaires reste ici un peu plat.
Même le compte à rebours implicite promis par le titre 13 jours, 13 nuits n’est pas vraiment exploité. Et que dire de l’aspect géopolitique, totalement éludé. Il y avait pourtant matière… Au final, même l’armée française et ses hommes ‑visiblement d’exception (ils ont sauvé plus de 300 civils ce jour‑là)‑ ne sont pas vraiment magnifiés. Le film reste anecdotique. Pas désagréable, pas indispensable non plus.