Aloïs Nebel
1989, Tchécoslovaquie, fin de la période stalinienne et arrivée de Vaclav Havel au pouvoir. Aloïs Nebel est chef de gare à Bily Potok, une petite station située à quelques encablures de la frontière polonaise. L’homme adore son métier, sauf les jours de brouillard, lorsqu’il devient sujet à de terribles hallucinations. À moins qu’il s’agisse de souvenirs issus de la Seconde guerre mondiale… Nebel est alors envoyé dans un asile psychiatrique.
Formidable dessin animé en noir et blanc, flanqué d’une photographie et de graphismes impressionnants, Aloïs Nebel évoquera sans doute, mais à tort, Valse à Bachir, pour sa manière de traiter une période sombre de l’histoire d’un pays (ici, la Tchécoslovaquie pendant la guerre) à travers le regard d’un homme, un chef de gare, dont les blessures sont celles d’une société toute entière.
« Les deux thèmes ‑l’expulsion des Allemands et le changement de régime politique‑ n’ont pas vraiment été abordés en littérature tchèque, a déclaré Tomas Lunak. C’est d’abord pour cette raison que cela m’a interpellé ; ce sont deux thèmes importants. Et aussi parce que, à chacun de ces changements, qui pourraient avoir des côtés positifs, on assiste à un Mal qui l’accompagne. C’est ça que je voulais traiter. C’est comme si la population vivait sous la menace, avec une peur, et que tout éclate ».
Une merveille de l’animation contemporaine, qui a mis plus de six ans à voir le jour.