Avatar : de feu et de cendres
Installée chez le clan Metkayina, la famille Sully tente d’affronter le deuil laissé par la mort de Neteyam. Mais leur exil est loin d’être paisible : le Peuple des Cendres, dirigé par la fougueuse Varang, tente de rançonner leurs hôtes. Toujours avide de vengeance, Quaritch y voit une opportunité et s’allie à Varang contre Jake. Désormais, il cherche également à récupérer son fils, Spider, devenu un enjeu majeur pour les humains, puisqu’il peut respirer sans masque…
De feu et de cendres
Si le précédent opus nous avait quelque peu laissés sur notre faim, celui-ci tient globalement toutes ses promesses et porte plutôt bien son titre. Du feu, des cendres, de l’action, il y en a. Agrémentés de la fable écolo issue du premier film, de bons sentiments et de méchants bien badass. Le tout sur une durée un peu indigeste de plus de trois heures, avec des images numériques plus artificielles que jamais et une 3D toujours aussi dispensable.
Après l’interminable mais sublime prologue qu’était La voie de l’eau, James Cameron revient à ce qu’il sait faire le mieux : le grand spectacle, les tôles qui se froissent, les méga‑engins, les méga‑guns et la nature luxuriante. Le Avatar qu’on aime ! Quitte à frôler l’overdose.
Avatar 3, fluide et organique
Et si les intrigues s’accumulent, force est de constater que Cameron retombe toujours sur ses pattes : malgré la complexité de ce mikado narratif, l’ensemble reste étonnamment limpide. C’est même l’un des plaisirs du film : une machine qui nous embarque dès la première seconde pour ne plus vraiment nous lâcher. Mieux, avec deux films comme socle scénaristique, ce nouvel opus gagne en densité, même si le récit n’est jamais totalement dépourvu d'une certaine naïveté. Le traitement réservé à Spider est particulièrement réussi avec ses enjeux shakespeariens. Malheureusement, le personnage manque d’espace tant le film veut tout montrer, tout raconter.
Visuellement, c’est un régal pour peu d'accepter son côté très synthétique. Et auditivement, c’est un plaisir, à condition d’avoir choisi une bonne salle. Conçu pour être une expérience, le film l’est assurément, au même titre que les deux autres Avatar d’ailleurs. Heureusement, car l’effet de surprise a été émoussé depuis longtemps et le nouveau peuple antagoniste (le Peuple des Cendres) n’impressionne pas vraiment, pas plus que les nouvelles créatures ou les nouveaux engins mastodontes. C’est l’ADN de la saga : on connaît, on est habitué (voire blasé).
Du neuf avec du mieux
En revanche, Oona Chaplin, dans le rôle de la redoutable Varang, est tout bonnement géniale. À elle seule, elle réveille la franchise grâce à un charisme vénéneux. Hitchcock disait : « Plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film. ». La formule se confirme encore une fois.
Stephen Lang reste excellent en Quaritch, mais il n’a jamais été meilleur que dans le premier volet, d’autant que la saga s’acharne à vouloir l’humaniser. Ce film ne fait pas exception et c’est un de ces défauts. Varang est donc assurément la bonne surprise de ce nouvel Avatar, sans doute parce qu’elle ne s’embarrasse ni de psychologie ni de backstory, elle est méchante, point. Mieux encore, elle révèle la part sombre de ceux qui croisent sa route. Neytiri (Zoe Saldaña) et Jake Sully (Sam Worthington) en feront les frais. Leurs trajectoires, au fil de plus de trois heures, ancrent le film au‑delà du simple divertissement d’action.
Et de l’action, il y en a, beaucoup. Cameron n’a pas son pareil pour orchestrer des scènes épiques impliquant des centaines d’antagonistes. Mais parfois, l’impression de regarder une gigantesque cinématique de jeu vidéo n’est pas loin. Spectaculaire, oui. Renouvelé ? Un peu moins.
La bataille finale de De feu et de cendres ressemble d’ailleurs beaucoup à celle de La voie de l’eau. Visuellement, le film franchit encore un cap, sans être révolutionnaire pour autant. On sent que Cameron n’est plus si obsédé par le challenge technique. Ce qui l’intéresse désormais, c’est Pandora, et la manière dont il en étend les contours film après films. Le plan final est assez révélateur. Cameron continue d’étendre son monde avec une générosité qui force le respect. Le dernier plan, dévoilant Pandora vue du ciel, en dit long : il n’a pas fini de jouer avec son propre jouet.