Duster
Dans le monde des films et des séries, il y a des noms qui invitent immédiatement à l’attention, même quand on en consomme peu. Celui de J.J. Abrams en fait partie. Le créateur/showrunner (entre autres) de Lost, Alias, Fringe ou encore le réalisateur de plusieurs films Star Trek et Star Wars, nous revient cette fois avec LaToya Morgan (scénariste sur The Walking Dead, Into the Badlands ou Turn) pour un projet beaucoup plus terre à terre et littéralement dans la poussière. En effet, pour la série Duster, pas question de quitter la Terre : direction les années 70 pour 8 épisodes.
That '70s Shit Show
Disons‑le d’entrée de jeu : c’est un véritable plaisir de retrouver Josh Holloway sur nos écrans, relativement discret depuis ses rôles dans Lost ou dans l’injustement série annulée Colony. Impossible de ne pas voir en quelques minutes que le rôle de Jim a été taillé pour lui, probablement par Abrams, content de retravailler avec lui. Impossible également de ne pas succomber au sourire ravageur de ce chauffeur et homme de main charmeur, fidèle à son patron, un certain Ezra Saxton. Mais quand Nina Hayes, la première agente afro‑américaine du FBI, décide dès sa première mission de mettre fin à l’empire criminel de ce dernier, tout va basculer.
Ce trio est sans aucun doute le cœur battant de la série (Holloway donc, le charismatique Keith David et la charmante Rachel Hilson), chacun semblant être né pour jouer son rôle. Rachel Hilson est impeccable en nouvelle agente ambitieuse et déterminée à franchir tous les obstacles. L’acteur à la voix si identifiable incarne avec brio un homme à première vue avenant mais capable en quelques secondes d’exploser et de devenir ce chef criminel redouté de tous. Bref, la dynamique entre chacun est impeccable, grâce à leur jeu mais aussi aux efficaces dialogues.
Les seconds rôles ne sont pas oubliés et également bien joués, mais servent surtout à soutenir les principaux et à évoquer (peut‑être un peu trop légèrement) des sujets de société de cette époque (ou de la nôtre…), comme le racisme ou l’égalité homme‑femme. Véritable anomalie dans un monde entièrement composé d’hommes (blancs), l’agente du FBI au centre de cette création va sans surprise peiner à se faire sa place, mais évoquer ce sujet n’est assurément pas l’objectif principal de Duster.
La série de Max est avant tout un divertissement pour les amateurs de programmes type criminels Vs FBI, les nostalgiques des années 70 et de la période Watergate. Avoir quelques petites bases en Histoire américaine peut d’ailleurs être un petit plus pour identifier quelques personnages importants de cette époque qui passent une tête.
Rétro boulot dodo
Duster sort avant tout son épingle du jeu et du paysage télévisuel saturé grâce à sa solide reconstitution de cette époque. Entre muscle cars, vêtements bariolés, décors old school, coupes afro incroyables et surtout absence de smartphones qui accélèrent l’intrigue, la série permet de profiter d’un petit bol d’air rétro plaisant qui prend un peu son temps. L'utilisation (parfaitement logique) de radios et de téléphones fixes nuit malgré tout à l'identité de la série, qui aurait pu encore plus se détacher des autres et rendre son rythme véritablement atypique en embrassant encore davantage la non‑modernité.
Dommage également qu’à l’instar de ses sujets de fond un peu survolés, l’intrigue globale ne casse pas trois pattes à un canard. L’ensemble, qui se laisse bien suivre à défaut de toujours captiver, gagne heureusement en intensité et en ambition dans les derniers épisodes. Duster peut notamment remercier le duo formé un peu malgré eux par Jim et Nina, qui fonctionne et permet de sauver l'ensemble du milieu du tableau.
Même constat du côté de la réalisation. Si certains plans marquants sont à relever, l’ensemble reste assez classique et abuse même à plusieurs reprises de la même méthode narrative, à savoir montrer en introduction d’épisode un moment critique, puis revenir plusieurs heures en arrière.
Si Duster devait revenir pour une saison 2, nous y retournerions probablement davantage pour reprendre une dose de son ambiance et de ses personnages principaux (et de son chouette générique d’intro) que pour son intrigue ou son rythme assez convenus. Heureusement, à en juger par la fin de la première saison, il semble envisageable (et souhaité) que Duster passe la seconde pour la suite.