L’homme qui rétrécit
Un jour qu’il nage dans l’océan, Paul sent une étrange sensation l’envahir. Quelques jours plus tard, il constate qu’en plus de perdre du poids, il rétrécit un peu chaque jour. Il s’engage alors dans une série de tests médicaux pour tenter d’inverser le processus.
Petit mais costaud
Agréable surprise que cet Homme qui rétrécit version 2025 (le roman éponyme de Richard Matheson, publié en 1956, avait déjà été adapté par Jack Arnold en 1957). Non pas que le film de Jan Kounen soit parfait, loin de là, mais pour sa nouvelle collaboration avec Jean Dujardin, après 99 Francs, le réalisateur s’est calmé, a remisé ses effets de style au vestiaire et rend une copie assez belle.
Il faut dire que son acteur principal (de tous les plans), Jean Dujardin, n’a pas son pareil pour se glisser dans un style de jeu légèrement suranné qui sied génialement au film. Maîtrisant parfaitement l’art de la pantomime, l’acteur excelle dans les regards expressifs et la maîtrise de la gestuelle signifiante. Dans L’homme qui rétrécit, il offre une performance comparable à celle qu’il avait donnée dans The Artist ou la saga OSS 117, mais dans un style opposé. Ce tour de force est d’ailleurs l’un des plaisirs du film. Face à lui, malheureusement, Marie‑Josée Croze semble bien fade. Qu’importe, son rôle d’épouse devient rapidement accessoire, puisque le héros se retrouve rapidement coincé, seul dans la cave devenue immense et pleine de dangers à cause de sa nouvelle taille.
Véritable variation autour du genre survival, L’homme qui rétrécit reste assez proche de la première adaptation (remplaçant juste l’amie de petite taille par la fille du héros). Un film « à la manière de », hommage au cinéma de genre des années 50. D’ailleurs, le monde qu’il nous montre n’est en rien daté ni localisé, en parfaite cohérence avec l’universalisme de son propos.
Le film intègre également une réflexion assez pointue et moderne sur la place de l’homme au sein de la famille, mais aussi au sein du monde. Bien qu’extrêmement intéressante, celle‑ci passe presque exclusivement via une voix off, ce qui, à la longue, peut malheureusement lasser et surtout sembler artificiel.

Jean Dujardin et Jan Kounen sur le tournage de L'homme qui rétrécit
Ce n’est pas la taille qui compte
La réalisation de Kounen est au service d’une histoire que l’on devine sans grande surprise. Mais l’intérêt du film n’est pas vraiment là. Jan Kounen excelle à isoler son héros dans l’immensité du monde quand il est encore grand, avec de sublimes plongées très graphiques. Puis s’amuse à l’écraser dans son environnement quotidien soudain hostile, quand il est petit. Nous ne sommes jamais aussi insignifiants, au fond, que dans un univers que nous ne contrôlons pas. Le message du film est clair et limpide, même s’il ne cherche qu’à rester un honnête divertissement.
On sent que chaque plan de L’homme qui rétrécit est réfléchi et que rien n’est laissé au hasard. Totalement maîtrisé d’un bout à l’autre (hormis un effet de montage qui permet au réalisateur d’éviter d’expliquer comment Paul sort de l’aquarium), le film est un plaisir pour les yeux. On savait Kounen fan de technique et d’effets spéciaux, il n’a pas perdu la main. Les effets du film sont quasi parfaits, et c’est tant mieux, c’est le cœur du film.
Sous ses airs de film d’aventure léger, L’homme qui rétrécit se révèle être surtout le portrait d’un homme qui, peu à peu, accepte sa condition de mortel soumis aux lois abstraites de la nature. Un deuil de sa propre existence en sept étapes clés, qui sont autant de moments forts du film. Une belle métaphore de la vie, en somme. On regrettera juste un final assez plat et bien ambigu, en tout cas beaucoup plus que celui de la version de 1957.
Au final, un petit plaisir de cinéma, et c’est déjà pas mal.