Le seigneur des anneaux : la guerre des Rohirrim
Dans le monde des adaptations d’œuvres littéraires majeures, Le seigneur des anneaux est un petit miracle. Au‑delà de la qualité indéniable du travail de Peter Jackson sur sa trilogie cinématographique culte, cette licence issue des écrits de Tolkien n’a finalement que peu été exploitée depuis. Aussi, quand a été annoncé le film d’animation Le seigneur des anneaux : la guerre des Rohirrim, l’overdose n’était pas (encore) là pour venir gâcher la fête. D’autant que ce projet d’animation promettait d’être différent en embrassant notamment les codes des animes, pour un résultat visuel éloigné de nos standards habituels.
Le Seigneur des ah non
Malheureusement, avec le recul, difficile aujourd’hui de ne pas aisément voir la principale motivation de la part du studio New Line Cinema derrière ce projet. Non pas l’enrichissement de cet univers et le bonheur des fans, mais bien l’obligation de devoir créer quelque chose afin de conserver les droits d’exploitation de la licence pour continuer à l’utiliser à l’avenir (notamment avec The Hunt for Gollum). Que cela soit dit : La guerre des Rohirrim n’est pas un mauvais film mais il est à des années‑lumière de ce qu’il aurait pu ou dû être.
Se déroulant 183 ans avant la trilogie principale, l’intrigue du film choisit d’ailleurs un cadre prometteur : l'histoire de la Maison de Helm Poing‑de‑Marteau, roi de Rohan (et doublé par Brian « Fuck off » Cox !). Soudainement attaqués par un seigneur vengeur et cruel du nom de Wolf, le roi et son peuple vont devoir se réfugier dans le désormais bien connu Gouffre de Helm. Dans ce conflit va également se révéler Héra, fille de Helm et princesse courageuse.
Cette description vous rappelle le personnage d’Eowyn ? C’est normal. C’est l’un des très nombreux points communs avec le travail de Peter Jackson, mainte fois cité durant la promotion du film par ailleurs. De plus, l’actrice Miranda Otto fait ici office de narratrice, histoire de bien appuyer sur ce fait. La musique passe également son temps à rejouer les thèmes du Rohan d’Howard Shore, quand elle ne crée pas des choses tout à fait oubliables.
Quoi ma gueule ? Qu’est‑ce qu’Helm a ma gueule ?
C’est simple, Le seigneur des anneaux : la guerre des Rohirrim passe son temps à singer la trilogie, jusque dans sa structure narrative, ses éléments et ses retournements de situation. Nous sommes ici sur du pur fan service sans brillance ou grand intérêt, et les trop rares bonnes idées sont désamorcées bien trop rapidement. Pas de salut côté action, car les affrontements à grande échelle font parfois fauchés. Pour une bataille vraiment épique, on préférera regarder Les deux tours pour la 57e fois.
Ce n’est malheureusement pas l’animation assez lambda et parfois clairement précipitée de Sola Entertainment qui vient sauver tout cela. L’identité visuelle du film manque de personnalité et reprend sans se fouler la direction artistique de la trilogie déjà maintes fois citée. Pour un souci de cohérence cela est appréciable, mais un peu d’originalité et de flamboyance aurait permis de démarquer l’œuvre, qui en aurait bien eu besoin.
Si les fans d’aventure pas trop regardants ou néophytes de la trilogie passeront probablement un moment convenable, les autres méritaient mieux. Même la série Les anneaux de pouvoir, avec tous ses défauts, tente plus de choses que ce que nous avions pourtant très envie d’appeler notre Précieux.