Mountainhead
Dans l'industrie des séries et des films, un constat est admis par quasiment tout le monde : HBO est extrêmement solide quand il est question des premières citées, beaucoup moins convaincant et régulier quand on parle de longs métrages. Avec Mountainhead, film à venir le 1er juin sur HBO et Max (pardon, HBO Max), on pouvait malgré tout se montrer très optimiste.
Aux commandes, Jesse Armstrong (il écrit et réalise), le créateur de l’une des meilleures séries HBO (et tout court) de ces dernières années, Succession. Là encore, il est question d’un drame mêlant satyre et comédie porté par un solide quatuor d’acteurs : Steve Carell (The Office), Jason Schwartzman (présent dans tous les films de Wes Anderson), Cory Michael Smith (Gotham) et Ramy Youssef (Ramy).
La bêtise au sommet
Ces quatre acteurs incarnent des amis qui s’avèrent également et surtout être extrêmement riches. Ces patrons milliardaires de la tech se retrouvent dans un chalet luxueux à la montagne, alors que le monde est dans une crise sans précédent du fait justement d'une des sociétés de l'un des personnages. Mountainhead se veut très actuel puisque cette création n’est autre que de l’IA générative qui sème le chaos dans tous les pays du globe à cause de son hyper‑réalisme et de l’utilisation néfaste qui en est faite.
Mais plutôt que de corriger le problème, nos riches amis vont décider d’en profiter et d’asseoir encore un peu plus leur pouvoir sur le reste de la population depuis leur retraite. Mountainhead est une attaque frontale et sans aucune finesse des tech bros. Le personnage de Cory Michael Smith rappelle notamment un certain Elon M. mixé avec Kendall de Succession. Comme dans cette dernière, tous les personnages sont parfaitement détestables et il est impossible de ne pas leur souhaiter les pires malheurs et un retour de karma rapide.

Pas de quoi en faire une montAIgne
Malheureusement, là où Succession a le temps d’installer ses personnages, leurs relations et leur caractère pour passionner le spectateur avec leurs drames personnels, Mountainhead n’a même pas deux heures pour le faire. En résulte un huis clos très bavard (et parfois assez technique comme peut l’être la série de Jesse Armstrong), dont on ignore l’objectif au‑delà de taper (à raison) sur les patrons de la tech. Ces derniers, au‑delà de tout se permettre au nom du profit et du « progrès », sont également parfaitement stupides et incompétents dans de nombreux domaines.
Sauvé partiellement côté divertissement pur par un dernier quart plein d’absurdité, qui rappelle parfois le cinéma de Wes Anderson ou le film Don’t Look Up, Mountainhead échoue pourtant à convaincre de son intérêt. Impossible de ne pas voir ce film comme une demande de HBO pour rallonger un peu la sauce Succession. Malheureusement, cette sauce donne le sentiment d’avoir été rallongée à l’eau et perd beaucoup de sa saveur. Même la musique du compositeur Nicholas Britell, de retour, ne propose rien de marquant.
Si Mountainhead se montre dans l’absolu moins mauvais que d’autres films HBO, grâce notamment à son message central, à son casting, à sa réalisation et à quelques dialogues efficaces (moins que dans Succession cependant), le film vient une nouvelle fois démontrer que la chaîne devrait se cantonner à ce qu’elle sait faire de mieux, à savoir les séries.