Pris au piège
Hank Thompson, ancien joueur de baseball, ne peut plus jouer à cause d’un accident. Désormais barman dans un rade de New York, il vit le parfait amour avec Yvonne, sa petite amie infirmière. Une vie d’insouciances et sans réelle ambition. Mais un jour, Russ, son voisin punk, lui demande de garder son chat quelques jours…
Cat Power
Un film de Darren Aronofsky est toujours un événement (il sort demain 27 août en salles). Il faut dire que le réalisateur de Requiem for a Dream, Black Swan ou encore The Whale ne nous a pas vraiment habitués à la médiocrité. Son cinéma rugueux et coup de poing laisse rarement indifférent. C’est dire si l'on attendait de son nouvel opus, Pris au piège (Caught Stealing), avec appétit. D’autant que son casting est un condensé de coolitude. Imaginez, il rassemble Austin Butler, Zoë Kravitz, Bad Bunny, Matt Smith, Vincent D’Onofrio ou encore Liev Schreiber dans les rôles principaux ! Tous géniaux, d’ailleurs, dans leur rôle respectif. À ceci près qu'ils se font voler la vedette par un chat nommé Tonic (Bud dans le film), la véritable star du film. Impossible de ne pas craquer quand on lui casse la patte…
Malheureusement, on déchante très vite, ou du moins, on est un peu déçu. Non pas que Pris au piège soit un mauvais film. Au contraire, c’est un très bon divertissement. Il n’est juste pas à la hauteur des autres films de son réalisateur. Vous voilà prévenus, Pris au piège est un film mineur dans la filmographie de Darren Aronofsky. Une récréation sans véritable profondeur, pas désagréable et même souvent distrayante, mais qui aura peu de chances d’entrer au panthéon du 7e art.

Exercice de style
À mi‑chemin entre After Hours, Petits meurtres entre amis ou encore Snatch (voire Série noire pour nuit blanche, pour les plus cinéphiles), Pris au piège n’est pas vraiment original, ni dans son propos, ni dans sa forme. Il n’en demeure pas moins qu'il n’a rien à envier à ses inspirations. Il joue à fond la nostalgie de ce cinéma cool des années 80/90 et de l’imagerie new‑yorkaise véhiculée par les films de notre enfance (Pris au piège se déroule en 1998, date de sortie du premier film de Darren Aronofsky, Pi). Véritable exercice de style, le film a presque l’air de sortir de la naphtaline et on adore ce petit charme désuet que cela lui procure.
Il n’en demeure pas moins que cette adaptation du roman éponyme de Charlie Huston, également scénariste, se contente de recycler la figure du loser magnifique, empêtré dans les galères, qui va se révéler au fur et à mesure qu’il s’enfonce. Elle n’ajoute pas grand‑chose à la thématique, à part bien sûr l’efficacité de la réalisation d’Aronofsky, son sens du montage et de la bande‑son. Le rythme du film est effréné, on ne voit pas le temps passer, les punchlines s’enchaînent, mais au final, on reste un peu sur sa faim (de cinéma).
La grande récré
Pris au piège tient en fait plus de l’exercice de style (très) réussi que d’une véritable œuvre cinématographique profondément personnelle. Heureusement, le casting et la galerie de personnages ubuesques, comme les deux mafieux juifs orthodoxes, le chien fou russe (un personnage génial), ou le punk iroquois londonien, happent le spectateur pour ne le lâcher qu’à la fin du film (et du générique). Ils nous rappellent que le réalisateur est passé maître en la matière. On reconnaît là sa patte, indubitablement.
Dans cette récréation cinématographique, le réalisateur s’offre même pas mal de respirations et va jusqu’à tenter l’humour grinçant qu’il niche au cœur de la violence, sujet qu'il maîtrise. Il fait mouche à tous les coups, et c’est l’une des bonnes surprises du film. On n’attendait pas forcément Aronofsky sur ce terrain, il parvient à nous surprendre.
Pris au piège se révèle donc être un film mineur, certes, mais réalisé par un réalisateur majeur au mieux de sa forme.