Sinners
Dans les années 1930, les jumeaux Elijah et Elias reviennent de Chicago, où ils ont trempé dans le crime, pour s’installer dans leur ville natale du Mississippi afin d’y refaire leur vie. Rapidement, ils vont être confrontés à des événements surnaturels.
Manque de mordant
Ryan Coogler est assurément la coqueluche d’Hollywood, une enviable situation qui n’est pas près de s’arrêter après le carton surprise de son dernier film, Sinners. Avec cette petite comédie politico‑horrifique, il a réussi à exploser le box‑office alors que personne ne l’avait vu venir. Avec un budget estimé à moins de 100 millions de dollars, le film s’est payé le luxe de se hisser dans le Top 10 des succès de l’année. Pour un film franchement bancal, c’est un exploit.
Car même si la double prestation de Michael B. Jordan est assez bluffante (il joue les jumeaux), même si la photographie est splendide et le groove musical génial, le film demeure une pâle copie d’Une nuit en enfer (1996), sans la folie de Robert Rodriguez et de Quentin Tarantino. Optant pour la même structure d’une longue heure d’exposition avant le twist vampirique, Sinners, sous ses faux airs d’elevated horror (film d’horreur intello), n’est finalement qu’un film de blaxploitation raté et bien mou.
La réflexion sociale est truffée de clichés, la réflexion politique se borne à associer Ku Klux Klan et vampires, et le pseudo‑érotisme de certaines scènes frôle le ridicule. Le film part rapidement dans tous les sens, les personnages agissent sans réelle cohérence (à moins qu’ils ne soient tous extrêmement stupides), et le final est beaucoup trop simpliste. Le soleil, c’est bien pratique pour tuer les méchants vampires.

© 2025 Warner Bros
Quand la musique est bonne
Reste que ce gros nanar indigeste possède tout de même quelques qualités, et non des moindres. On l’a dit : l’image et l’interprétation (malgré le niveau des dialogues) rehaussent le scénario, mais c’est surtout l’univers musical qui est l’atout majeur du film. Et même du scénario, puisque nos héros veulent, in fine, monter une sorte de salle de concert. Le blues ‑la musique du Diable‑ est centrale dans Sinners. Honnêtement, cela fait souvent du bien aux oreilles.
Forcément, le guitariste et chanteur de blues Robert Johnson est convoqué, et la bande‑son particulièrement bien choisie. Au gré des délires du scénario, elle invoque même la musique folklorique irlandaise et le bon rap. C’est dire. Très vite, on comprend que c’est sur la musique qu’il faudra se focaliser pour faire passer les deux heures de n’importe quoi. Sinners se laisse regarder et s’oublie aussi vite, comme un petit péché mignon.