Sleeping Dogs
Ancien flic désormais à la retraite, Roy souffre de la maladie d’Alzheimer. Pourtant, il va devoir faire appel à sa mémoire. Un homme qu’il a fait arrêter pour meurtre le contacte pour prouver son innocence, un mois avant son exécution…
Mémoire vive
Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas vu Russell Crowe dans un film regardable. Entre les deux Exorciste, les films Marvel (Thor : Love and Thunder, Kraven the Hunter) et sa seconde réalisation (Poker Face), la dernière décennie a certainement plus embelli son compte en banque que sa filmographie. Ce Sleeping Dogs, qui sort chez nous en direct‑to‑VOD à partir du 2 septembre, est donc une agréable surprise, car cela fait belle lurette que le nom de l’ex‑Maximus (Gladiator) ne déplace plus les foules. Au cinéma, ce petit polar aurait certainement fait un four, mais dans son salon, on se laisse agréablement porter par une enquête retorse aux faux (mais vraiment faux) airs de Memento.
La mémoire est un vaste sujet, et le script d’Adam Cooper et Bill Collage, d'après le roman Jeux de miroirs d'Eugen Ovidiu Chirovici, a suffisamment d’ossature pour faire passer un moment sympathique au spectateur qui essaie, tant bien que mal, de résoudre un puzzle complexe à l’instar de son héros perdu dans ses souvenirs. Mais la mémoire n’est ici qu’un prétexte et le sujet n’est malheureusement pas assez creusé. Tout le monde n’est pas Nolan.
La caméra et la direction d’acteur (ou leur jeu seul) d'Adam Cooper ne sont pas vraiment à la hauteur de cet honnête whodunit. C’est simple, chaque acteur semble avoir lu le script avant le spectateur. Tout le monde en fait des caisses, ce qui gâche pas mal de surprises du scénario et rend les rebondissements prévisibles, surtout le twist final.
Quant à Russell Crowe, il surjoue l’homme perdu à coups de roulements d’yeux et de mines interrogatives, voire perplexes. Il est loin, l’acteur qui interprétait génialement Bud White dans L.A. Confidential de Curtis Hanson…

Ne réveillez pas un flic qui dort
Cela dit, le petit plaisir coupable de participer à un Cluedo géant demeure, et c’est l’une des qualités du film. L’idée de chapitrer l’histoire par suspect fonctionne. Comme le héros, le spectateur élimine au fur et à mesure les différentes pistes.
Bien sûr, il vaut mieux ne pas avoir lu une tonne de polars ou vu pléthore de films policiers, puisque ce Sleeping Dogs ne brille pas par son originalité. Au moins, il n’a pas cette prétention. On sait ce qu’on est venu voir, il n’y a pas de surprise et il n’y en aura pas. Vous voilà prévenu.
On passera sur les facilités de scénario bien inutiles (ah, l’opération miracle qui permet de retrouver la mémoire, ah, le boucher et son hachoir qui fait peur…) et le sort réservé à la femme fatale, mièvrement interprétée par Karen Gillan.
Au final, à défaut de polar génial à se mettre sous la dent et devant les yeux, ce Sleeping Dogs peut faire l’affaire, pourvu qu’on ne soit pas trop regardant. Ce n’est, en tout cas, pas le thriller qui vous empêchera de dormir.